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La quête de soi et la réconciliation avec la nature dans Voyage à Rodrigues de Jean-Marie Gustave Le Clézio | ||
Revue des Études de la Langue Française | ||
مقاله 7، دوره 16، شماره 1 - شماره پیاپی 30، مهر 2024، صفحه 71-84 اصل مقاله (587.91 K) | ||
نوع مقاله: Original Article | ||
شناسه دیجیتال (DOI): 10.22108/relf.2025.143220.1244 | ||
نویسندگان | ||
Naimeh Barimani1؛ Anahita Sadat Ghaemmaghami* 2؛ Annette Abkeh2 | ||
1Doctorante, Département de français, Branche Centrale de Téhéran, Université Azad Islamique, Téhéran, Iran | ||
2Maître-Assistante, Département de français, Branche centrale de Téhéran, Université Azad Islamique, Téhéran, Iran | ||
چکیده | ||
L’homme cherche toujours à découvrir la vérité de son existence à partir du moment où elle entre dans ce monde terrestre jusqu'au jour où elle ferme les yeux sur ce monde. Il continue de découvrir cette vérité tout au long de sa vie. Comme les autres êtres humains, Le Clézio est en quête de la découverte de soi. La recherche de l'identité et la découverte de soi se retrouvent dans toutes ses œuvres. La principale préoccupation de ce grand écrivain est de découvrir la vérité de son existence et d'atteindre la nature. L'enjeu principal de cet article est d'examiner les personnages de l'histoire qui essayent de parvenir à leur soi et à leur réconciliation avec la nature, et le but de la rédaction de cet article analytique et descriptif est d'examiner les thèmes et les personnages et les symboles de Voyage à Rodrigues. Afin de retrouver son identité et ses racines, Le Clézio entreprend un voyage lointain pour échapper à l'ennuyeuse vie urbaine, afin de retourner au sein de la nature et de retrouver ses racines. Dans Voyage à Rodrigues, le narrateur choisit le même itinéraire que celui de son grand-père. À la fin du récit, il atteint une profonde compréhension de lui-même et conclut que son grand-père ne cherchait pas un simple trésor mais une véritable connaissance de lui-même et la réconciliation avec la nature. | ||
کلیدواژهها | ||
l’identité؛ la quête de soi؛ le symbole de la nature؛ Jean-Marie Gustave Le Clézio؛ Voyage à Rodrigues | ||
اصل مقاله | ||
Introduction Au XXe siècle, avec la croissance de la société de consommation et du capitalisme, l'homme moderne se pose la question de l'avenir qui l'attend et du système dans lequel il est enfermé: est-il un étranger dans cette société? Son impuissance face au monde qui l’entourait l’inquiétait profondément. Il ne pouvait rester indifférent à cette société de consommation. Il se sentait étranger à ce monde. Et il a été confronté aux questions sur sa vie: comment peut-il être heureux dans une telle société? Pourrait-il faire face à ce problème et goûter le bonheur? Alors qu’arrive-t-il à son identité? L'identité désigne en réalité les caractéristiques individuelles et l'esprit d'une personne qui la distinguent des autres. Tout être humain cherche à découvrir sa nature intérieure, autrement dit il veut savoir «qui il est». La réponse à cette question contribue à améliorer la qualité de la vie et à découvrir la vérité de l’existence humaine. Dans la société de consommation où nous vivons, l'homme moderne est aliéné et seule la peur le domine. Par conséquent, la seule solution pour atteindre soi-même et sa véritable identité est de s'échapper vers un monde non industrialisé, un monde où l'on peut s'épanouir sans être conditionné par un système oppressif. Mais comment? «Pour atteindre cet objectif, la solution est l’écriture. Il (l'homme) voyage dans un monde imaginaire et même réel pour y trouver son identité et sa paix» (Tadié, 2013, p. 46). Pour s'éloigner de ce problème social et accéder à son identité, il raconte des histoires et décrit ses personnages sous forme de voyages à travers le monde. Le Clézio est l'un des auteurs qui s'y excelle. Un écrivain moderne, qui se concentre beaucoup sur la recherche d'identité et la quête de soi. D'après Rannou, La plupart des personnages sont passifs et marginaux et commencent leur déplacement à partir d'un rêve: «Ses personnages de fiction s'enfuient toujours sous prétexte de leurs rêves. Ce sont des anti-héros, observateurs et peu actifs. La plupart d’entre eux se trouvent en marge de la société et en conflit avec elle.» (Rannou, 2009, p. 6). Voyage à Rodrigue raconte l'histoire d'un voyage effectué par le grand-père de l'auteur. En écrivant ce livre, Le Clézio s'appuie sur l'expérience et les aventures de son grand-père. L'auteur raconte son voyage à l'île Rodrigues pour retrouver les empreintes de son grand-père et la légende qu'il a laissée derrière lui pour retrouver son identité et ses racines. Le Clézio écrit:
«Je marche sur ces traces, je vois ce qu’il a vu. Il me semble par instants qu’il est là, près de moi, que je vais le trouver assis dans l’ombre d’un tamarinier, près de son ravin, ses plans à la main, interrogeant le chaos de pierres hermétique. C’est cette présence qui me donne sans doute ce sentiment de déjà-vu.»
Dans Voyage à Rodrigues, Le Clézio se rend sur l'île dans le but de rechercher son grand-père. Après la faillite de ce dernier, il consacre tous ses espoirs à retrouver le trésor laissé par un pirate nommé Pivateer. Ses années d’errance ne valent finalement rien financièrement, car il s’avère qu’il n’y a aucun trésor dans la cachette. Mais au terme de cette quête, Alexis Le Clézio parvient à trouver un autre trésor: la réconciliation avec soi-même. Le but de Le Clézio est la recherche de soi et de sa famille. Il essaie de se retrouver. Peut-il atteindre cet objectif en se réconciliant avec la nature?
Cadre théorique Le thème de l'identité et de la connaissance de «qui suis-je» est évident dans tous les livres de Le Clézio. Nous avons donc décidé d'approfondir l'analyse de cette problématique, de découvrir sa recherche intérieure dans l'une de ses œuvres intitulée Voyage à Rodrigues. La méthode de travail dans cet article est l’analyse thématique et descriptive. L'analyse du contenu du livre nous aide à répondre aux questions liées au sujet qui y est abordé: quête de soi. Dans cet article, nous examinerons des thèmes tels que l'examen de personnages, de symboles de la nature et de différents lieux. Habituellement, l'analyse thématique est divisée en analyses qualitatives et quantitatives. L'analyse qualitative consiste à examiner le sujet abordé dans le livre sous différents aspects. Mais l’analyse quantitative porte sur la fréquence des thèmes. Dans cet article, nous avons analysé la question de l’identité dans le livre Voyage à Rodrigues tout en analysant les personnages et les thèmes essentiels.
Discussion et analyse Analyse des personnages principaux dans Voyage à Rodrigues L'histoire de Voyage à Rodrigues se déroule sur l'île Rodrigues, sur l'océan Indien, et suit les aventures de deux personnages principaux: Jacques Cormery et Alexandre. Jacques Cormery est le narrateur du roman, un homme d'âge moyen qui se souvient de son enfance à Rodrigues. Ce personnage central représente en partie l'alter ego de l'auteur. Jacques est un personnage complexe, tourmenté par son passé et en quête du sens de sa vie. Alexandre, le grand-père du narrateur, est un autre personnage important du roman, un jeune garçon qui se lie d'amitié avec Jacques lors de leur séjour à Rodrigues. Alexandre incarne la jeunesse, l'innocence et la spontanéité et offre un contraste intéressant avec le personnage plus sombre de Jacques. Les personnages de "Voyage à Rodrigues" explorent des thèmes tels que l'introspection, la nostalgie, l'amitié et la recherche du bonheur avec leurs qualités et leurs défauts. Les personnages de l'histoire de Le Clézio se cherchent chacun et sont à la quête de soi.
Le narrateur de l’histoire de Jacques Cormery Voyage à Rodrigues est le seul récit de voyage au sens propre de l'œuvre de Le Clézio. Pour le lecteur, il devient difficile de savoir qui est le narrateur et où il commence son voyage. Le voyage est double : à la fois celui du narrateur et celui de son grand-père. Le lieu où le narrateur a commencé son voyage est inconnu. Le narrateur se lance dans un périlleux voyage à la recherche des empreintes des pas de son grand-père, avec seulement une carte à la main mais par curiosité, il se lance dans son voyage. L'histoire commence avec l'arrivée du narrateur à Rodrigues. C'est un endroit "mythique". Le narrateur ressent la présence du grand- père sous l'épais tamarinier indien, un vieil arbre au bord d'une vallée. Il écrit ainsi l'histoire: «C’est en 1910, je crois, que mon grand-père quitte Euréka, le domaine où il est né, où sont ses enfants. C’est le commencement d’une errance que la quête de l’or du Pivateer rend encore plus désespérée, plus tragique» (Le Clézio, 1986, p. 120). Et il continue ainsi: «C’est la perte de cette maison qui, je crois, commence toute l’histoire» (Le Clézio, 1986, p. 121). Voilà tout ce qu’il reste de l’île au trésor que le chercheur d’or a parcourue: «il ne reste plus dans mes mains que de vieux papiers que le vent froisse, et sur le paysage de pierre dure, que ces traces fragmentées, ces signes, ces fossiles» L'histoire commence alors que le narrateur est déjà arrivé à Rodrigues. La chasse au trésor est en fait un petit voyage qui se poursuit par le voyage jusqu'à Rodrigues, un voyage qui part principalement du lit de la rivière Roseaux et se poursuit vers les hauteurs à la recherche de la véritable destination du trésor, mais qui se transforme en un voyage plus long. Le narrateur, comme son grand-père, cherche sur l'île quelque chose qu'il n'a pas pu trouver ailleurs, la vérité qui se crée au fond de l'île - mais cette vérité n'est pas acceptée et il écrit:
«Le rêve de mon grand-père, c’est surtout le rêve de la mer. […] La mer qui l’a attiré: j’imagine que c’est d’abord dans les livres qu’il l’a rencontrée, dans les récits extraordinaires des navigateurs […], tous ces hommes qui parcouraient le monde à la recherche de terres nouvelles, d’îles inconnues, au péril de leur vie, et dont la vie n’avait de sens que par l’aventure» (Le Clézio, 1986, p. 103-104).
Le grand-père Alexis Le Clézio Le grand-père est un personnage important dans cette histoire, car il est toujours derrière le rideau et l'histoire tourne autour de lui et de ses recherches. Le narrateur ne connaît pas son grand-père car il ne l'a jamais rencontré: «je ne sais rien de lui» (Le Clézio, 1986, p. 38). Mais, il ne cesse de le mentionner. Le récit du voyage à Rodrigues est fictif, mais les signes associés au grand-père sont très précis, et l'auteur écrit son nom dans le livre: «mon aïeul François Alexis Le Clézio», écrit-il (Le Clézio, 1986, Dans cette histoire, la lettre, la carte, le message codé et les chiffres ainsi que quelques dessins et calculs ajoutés par écriture manuscrite indiquent sa présence sur cette île. Ce vieil homme a vécu une vie dure et instable parce que «il avait perdu tous ses biens, dépouillé par ses proches [et] chassé de sa maison natale» (Le Clézio, 1986, p. 27). La chasse au trésor «qui a été la grande affaire, l’unique passion» (Le Clézio, 1986, p. 119-120) de ce grand-père, devient une échappatoire de sa réalité pénible. L’image que donne le narrateur de son grand-père inconnu est une image vague. Une image semblable à un palmier qui est constamment décrite tout au long de l'histoire: passé et présent. Cet arbre charrie la signification et le symbole de cette personne disparue. Parce que l'arbre est solitaire comme lui. Le narrateur a abondamment mentionné cet arbre: «Soleil de feu, chaleur, moucherons. Mais l’ombre du vieux tamarinier est bien douce» Le narrateur, qui a également hérité son nom de son grand-père, est toujours à la recherche d'un trésor et, à travers celui-ci, à la recherche d'un passé, il suit les traces de son grand-père inconnu. Mais plus il avance, moins il a l’espoir de retrouver ce trésor. C'est pour cette raison que l'histoire se termine avec ce palmier: «Le tamarinier sous lequel il s’est assis pour fumer en regardant passer les oiseaux du soir est déjà bien vieux, je crois qu’il ne résistera pas au prochain cyclone» (Le Clézio, 1986, p. 146). Chemin faisant, le narrateur est constamment confronté à cette question: «Qui suis-je? Ou plutôt, que suis-je?» Il a suivi les traces de son grand-père sur ce chemin, mais en réalité, il a du mal à découvrir la vérité cachée de son existence. Ce qui l'a conduit sur cette voie, c'est notre force au-delà de sa volonté: «c’est une force plus grande que la mienne, un souvenir qui a commencé avant ma naissance» (Le Clézio, 1986, p. 186). Le grand-père tente de faire revivre Eurêka car cela ramènera le «bonheur terrestre» à sa famille (Le Clézio, 1986, p. 140). Pour le grand-père, la perte d'Eureka signifie une «véritable prison» une blessure moqueuse et douloureuse, difficile à refermer. La recherche de ce trésor caché se fait dans le seul but de rendre cette prison supportable. Rodrigues est une terre de prison pour le grand-père, mais pas pour le narrateur. Il retrouve l'humanité dans cet endroit. Pour lui, Rodrigues est le véritable centre de la vie. Loin de «mon siècle de vanité et de confort» Les personnages principaux de l'histoire, Alexis Le Clézio, le grand-père de Le Clézio et le narrateur, parviennent tous deux à une compréhension profonde du sens de la vie et de leur identité à travers l'histoire. Le grand-père part dans le désert à la recherche du trésor qu'il cherche. Le narrateur suit les empreintes laissées par son grand-père sur ce chemin inconnu pour le retrouver. Le grand-père est à la recherche du trésor mais quand il ne trouve pas, il dit:
«Il y a quelque chose de dur dans ce pays, dur et hermétique. Je ne peux m’empêcher de penser à l’échec de mon grand-père. Ce trésor qu’il a cherché ici pendant plus de trente ans, et qui a occupé ses pensées jusqu’à sa mort, ce trésor dans lequel il avait placé tous ses espoirs, tous ses rêves, qui devait lui permettre de racheter la demeure familiale et rembourser ses dettes, ce mirage, cette chimère lui ont échappé, se sont refusés à lui. L’or est resté hors d’atteinte, à la fois proche et inaccessible, pareil à un éclat de lune, ou au reflet d’un objet perdu au fond d’un lac» (Le Clézio, 1986, p. 22).
Le narrateur doit tout son pouvoir au secret qu’il a dans la poitrine. À ses yeux, ce secret est son héritage le plus précieux. Mais, ce secret n’a rien de spécial car seule la connaissance elle-même fait l’objet de discussion, mais cette connaissance est vitale pour le narrateur. Il se pose devant le regard de Rodrigues: «comment n'y aurait-il pas un secret?» (Le Clézio, 1986, p. 24) Le personnage du grand-père est très mystérieux pour le narrateur: il est porteur du secret caché dans les paysages de Rodrigues. «La seule déchirure qu’il a dû ressentir» Après avoir étudié les personnages, nous allons faire une analyse thématique du roman: les thèmes abordés seront les suivant: Le voyage, la recherche de soi, les éléments naturels, les lieux.
Le thème de voyage dans Voyage à Rodrigues Le titre du livre de Le Clézio, Voyage à Rodrigue, est très provocateur. Ce livre est placé dans l'ordre des histoires de marins et d'immigrés. Le titre de ce livre évoque également des histoires épiques. Bien qu'aucune question ne soit posée, ni sur la destination du voyage, ni sur la possibilité d'y parvenir, le voyage semble avoir été fait avant même le début du récit, et ne laisse aucun doute à Le Clézio à ce sujet: le narrateur accoste Rodrigues. Si l'île est la destination du voyage, c'est avant tout parce que le narrateur cherche ses racines en revenant et en côtoyant les traces de son grand-père. À la page 9 du livre, le narrateur décrit le but de sa recherche: «Carte à la main, à l’ombre d’un badamier, je cherche à comprendre où je suis.» (Le Clézio, 1986, p. 9). Dans ce livre, toute la préoccupation du narrateur et de son grand-père est de trouver une réponse claire sur l'identité de ce dernier:
«L’aventure de mon grand-père était cela: non pas la quête de la Toison d’or, ni celle des rixdales du Pirate, mais la fuite devant se destinée (comme un navire fuit la tempête) et sa propre prise au piège (Jason envoyé à une mort certaine par son ennemi Pelias). C’était se mesurer à l’inconnu, au vide, et dans les dangers et les jours d’exposition et de souffrance, se découvrir soi-même: se révéler, se mettre à nu.» (Le Clézio, 1986, p. 65)
Le Clézio souligne dans Voyage à Rodrigues que la recherche de son grand-père n'a pas été une tâche facile. Il affrontait la mort chaque jour. Alors pour retrouver les racines, et se rendre compte de l'auto-exil du grand père, il se rend à Rodrigues, malgré toutes les difficultés. Voyage à Rodrigues marque un retour aux sources, comme l’indique Claude Cavallero:
«Comme on le voit, l’itinéraire du voyage narré épouse la géographie d’un retour intentionnel au passé familial: la fiction se nourrit désormais de cette quête incessante de soi-même que l’auteur poursuit à travers la recherche fantasmée de son origine» (Cavallero, 2009. p. 335)
Thèmes de la recherche de soi À la recherche de ses racines En recréant l'histoire de l'île, Le Clézio recrée sa propre histoire de famille. L'histoire commence avec la disparition du grand-père pour compenser ses pertes et partir à la recherche de la résidence familiale. «C’est la perte de cette maison qui, je crois, commence toute l’histoire» (Le Clezio, 1986, p. 121). Le Clézio recherche et écrit l'histoire familiale: «la perte d’Euréka me concerne aussi, puisque c’est à cela que je dois d’être né au loin, d’avoir grandi séparé de mes racines, dans ce sentiment d’étrangeté, d’inappartenance»: (Le Clézio, 1986, p. 22). Le narrateur, à la recherche de ses racines et de son origine, arrive sur cette ile. Il essaie d’apporter cette dépendance à ses racines familiales et même de les renforcer. La mission, au début du parcours, semble aisée: «aux premiers instants de mon arrivée dans la vallée de la rivière Roseaux, j’ai eu le sentiment que tout serait facile, que tout serait possible» (Le Clézio, 1986, p. 123). Mais dès son entrée dans la vallée, il est émerveillé par cette vue et par la beauté envoûtante de l'île. En fait, la nature de cette vallée est liée aux écrits du grand-père. Regarder et voir sont des outils pour découvrir la vérité. Un regard profond indique la découverte des éléments qui l'entourent. Comme le disait Jean Onimus dans le livre pour lire Le Clézio: «C’est plutôt un regard qui engage dans une communion avec les choses» (Onimus, 1994, p. 35). Selon lui, «regarder avec l’intensité du chasseur […] apaise, c’est une longue distraction qui vous vide peu à peu de la charge des idées, occupe votre esprit et le vivifie» (Onimus, 1994, p. 36) Ainsi, le monde qui entoure le narrateur purifie progressivement la vision du personnage principal de l'histoire de ses jugements et de ses croyances. La marche stimule également le sens de la vue. Le narrateur regarde son environnement et dit sérieusement qu'il y a une profondeur derrière ce regard:
«Parfois mon regard s’accroche à un détail, le trou d’une grotte au loin, ou bien une roche étrange, une couleur différente de la terre, près du lit de la rivière. Cela fait bouger quelque chose d’impressionnant au fond moi, à la limite de la mémoire. L’ai-je vu déjà? L’ai-je su? L’ai-je rêvé?» (Le Clézio, 1986, p. 17).
C’est ce regard qui suscite des interrogations dans l’esprit. Les verbes «voir» et «regarder» peuvent être sémantiquement alignés avec le verbe «rêver»: la répétition conceptuelle de ces verbes indique d'une part un lieu réel et géographique et d'autre part indique un lieu de rêve. En fait, cela aide le narrateur à construire un pont entre le passé et le présent, entre la vérité et le permis, entre lui et son grand-père.
Symboles et motifs liés à la recherche de soi dans Voyage à Rodrigues Lieux symboliques Le voyage mentionné dans Voyage à Rodrigues peut également faire référence à la chasse et à la recherche de trésors. Le lecteur, se mettant du côté du narrateur décrypte les symboles et les traces laissés par le grand-père. Au fur et à mesure que les yeux du narrateur s'habituent à voir le paysage, il voit, connaît et trouve: les chemins parcourus par le grand-père, les symboles qu'il a dessinés, les empreintes qu'il a laissées. Dans cette nature, il cherche la vérité pour les révéler. «L'île est un symbole qui a toujours été important pour Le Clézio. Il ne cesse de se demander: Suis-je moi aussi d’une ile?» (Cavallero, 2009, p. 118). Cette question indique la quête de soi du narrateur, qui se poursuit d'un livre à l'autre et d'une île à l'autre. L'île Maurice constitue le cadre principal de la plupart des livres de cet auteur. L'île est un lieu et un symbole de la recherche du sommet et de l'ascension vers le sommet. On peut en conclure que cette quête de soi au-delà des îles lointaines est le résultat d’un intérêt à connaître une autre histoire. «Cet exotisme lexical appelle certes un dépassement des clichés et des stéréotypes: dans le contexte des littératures post-coloniales, cette écriture des lointains», ainsi que l’observe Jean-Marc Moura, redonne au voyage «sa puissance de déstabilisation» et traduit un intérêt inouï pour l’histoire de l’Autre (Moura, 2003, p. 174). Vers le milieu du livre, l'auteur évoque l'importance de la «Vallée» pour rechercher son grand-père. Une vallée est certes un lieu où se cache un trésor, mais sa profondeur en fait un symbole de souffrance, d'ignorance, mais aussi de châtiment. «Ces traces de coups, ces anciens trous comblés, ces tranchées, ces sondages m’émeuvent comme s’il s’agissait de ruines. Ce sont les vestiges d’une activité perdue, d’une vie perdue» (Le Clézio, 1986, p. 101). La vallée est en réalité la fin du labyrinthe de l'histoire: «la première fois que j’ai vu le ravin, j’ai compris que c’était ici, le lieu le plus important de ce rêve, le centre de la quête de mon grand-père» (Le Clézio, 1986, p. 90). Mais en réalité, la particularité de cette vallée en fait un lieu de naissance, de reconstruction et de commencement. Grand-père et petit-fils se cherchent et achèvent d'atteindre l'objectif ultime:
«Tandis que j’avance pour la première fois au fond du ravin, je ressens une vive émotion: c’est ici, je ne puis en douter, ici et nulle part ailleurs. Je vois ce que je suis venu chercher à Rodrigues: les traces visibles de cet homme, restées apparentes par le miracle de la solitude» (Le Clézio, 1986, p. 100).
Thèmes et éléments naturels et leurs concepts L'île Maurice est toujours mentionnée dans les livres de Le Clézio. Elle joue un rôle important dans les méthodes éducatives de la jeunesse de l'auteur: le sentiment d'étrangeté, de manque d'appartenance, voire d'interdit, occupe l'esprit du jeune auteur depuis son enfance. L’écrivain explique à Gérard de Cortanze: «depuis ma naissance, j’ai été élevé avec cette idée, que ma famille et moi n’étions ici, en France, que provisoirement et que, même si nous restions à Nice, nous repartirions un jour pour Maurice» (De Cortanze, 2002, p. 271-272). Tout comme l’île Maurice, Rodrigues est un lieu enchanteur pour le narrateur et évoque pour lui un sentiment d’étrangeté, car c’est comme une magie éblouissante. Lorsque l'arrière-grand-père du narrateur quitte Euréka de force, il se sent arraché à la terre, qui est pour lui «le rêve d'un paradis terrestre» (Le Clézio, 1986, p. 120). Quelques années plus tard, Rodrigues remplace son idée d'un paradis terrestre: «un monde sans venin, sans malheur, sans défaite» (Le Clézio, 1986, p. 27) «le monde d’avant les hommes» (Le Clézio, 1986, p. 47). À Rodrigues, la lumière du soleil a une place importante. Au cours de cette œuvre, le narrateur entend dépeindre le miracle de ce lieu de rêve avec des éléments naturels, immergés dans la lumière et la couleur. C'est de la lumière naturelle «la lumière intense du soleil tropical, qui fait étinceler chaque détail, pénètre le paysage et fait éclater ses couleurs, brun, ocre, rouge, mauve, vert» (Le Clézio,1986, p. 25). Ces couleurs ont fait de Rodrigues une terre joyeuse et colorée. La lumière du soleil a beaucoup de pouvoir dans le roman: «Quand le soleil devient oblique, […] il me semble que je perçois son regard qui scrute chaque pan de roche dans l’espoir de voir surgir quelque signe nouveau à la lumière frisante» (Le Clézio, 1986, p. 98). Le vent constitue également un autre élément fort dans la description de l’île qui renforce la quête du lien filial: «Le vent, le vent, toujours le vent. Mon grand-père admirait cela à Rodrigues: alizés, mousson, le vent ne cesse jamais» (Le Clézio, 1986, p. 13). Le vent est ici synonyme de liberté, voire de révolte, qui ajoute du mystère au pays du trésor: «Le vent, par rafales si puissantes qu’elles pourraient me renverser. Le vent, comme sur la mer. Au ras des collines courent les nuages. En quelques minutes, le ciel se défait, se recouvre. L’orage fond sur moi» (Le Clézio,1986, p. 13). Le vent change le paysage car il est naturellement puissant et apporte de la liberté. L'eau a également une importance particulière dans ce tableau de Rodrigues. Dans ce lieu, l’eau de mer, l’eau de pluie, chaque eau contient du sens. Le narrateur suit les traces de son grand-père et s'intéresse également à la mer, car tous deux l'ont explorée dans des livres du passé. La mer de Le Clézio est un endroit de rêve: Elle est «la substance du rêve: infinie, inconnaissable, monde où l’on se perd soi-même, ou l’on devient autre» (Le Clézio, 1985, p. 55). Une personne porte ses rêves avec elle lorsqu'elle en est loin. La terre, la mer, le vent, le soleil, sont tous le symbole de la nature intacte et belle et du rêve de Le Clézio dans ce livre. Quand il prend une pierre dans la main, il dit: «Je ne peux pas dire tout ce que cette pierre m’a fait» (Le Clézio, 1986, p. 38). Rodrigues est un lieu à la fois réel et irréel, et le thème est une découverte plus vaste. Le narrateur parle avec une émotion profonde des abris, de la terre sculptée et des empreintes de son grand-père, des gravures sur les pierres, sur la terre, et consacre un chapitre entier à la découverte de cette vallée. Sa présence sur cette île décrypte certains des mystères liés à la recherche de son grand-père: «Je peux comprendre comment il a pu vivre dans cette brèche, mois après mois, année après année, fixant là toutes ses pensées et tous ses regards» (Le Clézio, 1986, p. 90). Dans ce livre, le lit asséché de la rivière Roseaux se termine à la mer, signe de la sortie des ténèbres et de l'accès à l'eau et à la lumière: «J’avance le long de la vallée de la rivière de Roseaux» (Le Clézio,1986, p. 9). La rivière est asséchée, mais c'est dans son lit que se déroule l'essentiel de l'exploration: le lit de la rivière trace un chemin à travers le labyrinthe de l'île. Le chemin est direct. L'expression «Roseaux» est répétée vingt-trois fois dans le texte. Dans la vallée du fleuve Roseaux, le narrateur tente de décrypter le parcours de son grand-père: «La vallée tout entière est un langage» Selon le narrateur, l’océan est aussi plein de surprises. L'auteur en a fait une atmosphère romantique:
«Ce message que je cherche, qui est écrit au fond de cette vallée, ne peut me parvenir, seulement m’effleurer. Comme une parole qui viendrait du bout du temps, et qui irait en volant droit devant elle, vers l’autre bout du temps» (Le Clézio, 1986, p. 45).
Le désir poétique de Le Clézio est bien visible dans le livre Voyage à Rodrigues quand il parle de la nature. En fait, avec la recherche de l'or, l'attachement du narrateur et de son grand-père à la nature augmente et, par conséquent, les motivations de Le Clézio pour voyager à Rodrigues sont également révélées.
«En écrivant cette aventure, en mettant mes mots là où il a mis ses pas, il me semble que je ne fais qu’achever ce qu’il a commencé, boucler une ronde, c’est-à-dire recommencer la possibilité du secret, du mystère» (Le Clézio, 1986, p. 33).
Au fur et à mesure de l’histoire, le lecteur se rend compte que la confusion du narrateur conduit à la découverte d’autres aspects de cette recherche, mais il n’en reste aucune trace dans les papiers laissés par le grand-père. Le narrateur dit: «Il y a dans ce lieu quelque chose de tendu, de vigilant, comme si le regard aigu des hommes qui se sont arrêtés ici avait laissé l’interrogation durable de l’espace» (Le Clézio, 1986, p. 32). En fait, la recherche de l’or dans l’histoire de cette île et les hommes qui s'y trouvaient et qui y ont travaillé, l'ont transformée en une «terre fertile». «Ces voyageurs […] que ce paysage a éblouis. Ceux qui ont laissé une trace de leur passage, et ceux qui sont restés sur l’île et n’en sont jamais repartis, ces premiers colons oubliés» (Le Clézio, 1986, p. 28). Ce roman, en fait, est bien plus profond qu’une simple histoire de voyage vers un trésor jamais trouvé. Un autre rêve réside dans cet endroit. Le trésor n'est qu'une illusion, le chercheur d'or devient son propre chercheur. Le narrateur se demande constamment pourquoi il est venu sur cette île et, à divers endroits, il déclare clairement que sa recherche est en réalité une découverte de soi.
Le Clézio et le désir de la nature : l'attrait de la mer Les pages qu’il consacre à la mer sont parmi les plus belles que Le Clézio ait écrites. Et rares sont ses livres qui n’y font pas référence. Il y a chez lui un plaisir évident à décrire ses lames qui roulent et déferlent les unes derrière les autres. Le Clézio a découvert la mer dans les livres, dans les récits extraordinaires des navigateurs qui se trouvaient dans la bibliothèque de son arrière-grand-père mauricien bibliophile. Il sait dès son enfance que derrière les rues, les places, les jardins de la ville, l’odeur de la mer est là, qui arrive d’un coup, apportée par le vent et accompagnée du bruit monotone des vagues, et que cette mer est cet ailleurs qui va lui permettre de vivre une autre vie. Le chemin de la vie est tout tracé: de la fuite de la ville au saut dans le monde, il faut passer par l’étape de la mer. C’est la mer qui ouvre à demain. Une mer large, plate, où tout est possible, au-dessus de laquelle volent les mouettes. Face à la mer, il rejoint la quête de son grand-père. Comme lui, il rêve une mer qui est en elle-même la substance du rêve «infinie, inconnaissable, monde où l’on perd soi-même, où l’on devient autre» (Le Clézio, 1986, p. 55). De cette mer viennent la beauté réelle, la plénitude. Elle enseigne la force de la vie. «Devant la mer, on n’est jamais seul» dit Le Clézio dans Voyage à Rodrigues. (Le Clézio, 1986, p. 56) Il y a une mystique de la mer. Ses limites sont celles de la vie. La mer a préparé pour les hommes un secret, un trésor qu’ils doivent aller chercher, reconnaitre, trouver. À vrai dire «le désir de réel, c’est dans la mer que l’homme peut le réaliser. La ville est gênante, comme les mots des gens qui y vivent. La ville dresse un écran entre l’homme et la vie.» (De Cortanze, 2009, p. 18). En fait il n’est pas difficile pour le jeune garçon né au début de la guerre à Nice, entouré de Mauriciens émigrés de la première et de la deuxième génération, «l’ile soit une infinie source de rêves, le lieu où, d’une certaine manière, s’enracine l’écriture. L’enfant recompose son île, en piochant dans les images, les récits, la correspondance et cet art de vivre du pays que sa mère et ses grands-parents ont conservés ; son père ne l’oublions pas est, lui en Afrique, interdit de retour à cause de la guerre» (Léger et all., 2016, p. 19). Maurice est donc décrit comme une carte postale en couleur dans le contexte des jours sombres de la guerre, et comme un ailleurs lointain où accrocher ses désirs d’évasion. D’autres ailleurs, d’autres paysages sont venus combler l’absence de l’île: l’Afrique où le père exerce sa profession de médecin de brousse. On n’insiste pas sur le sentiment de liberté et l’ampleur des paysages que décrit Le Clézio en évoquant dans Onitsha, une page de son enfance africaine. Ou encore le très beau récit de l’Africain, plus directement biographique de son père. L’art par excellence de tout insulaire, et malgré sa naissance accidentelle à Nice, Jean-Marie Gustave Le Clézio en est un, est de naviguer dans un perpétuel entre-deux et faire de ce lieu de tension un espace de création et de résistance. Impossible d’y échapper, la mer forme lien et barrière à la fois, offrant la possibilité d’atteindre l’ailleurs et, en même temps, séparant de l’ailleurs. Personnage central des romans lecléziens, la mer, souvent tourmentée et violente, attire comme un aimant, repousse, contrôle mais ne peut jamais être ignorée. La terre, quant à elle, qui touche la mer omniprésente dans la fluidité instable de l’espace-batture, éveille chez Le Clézio le même double mouvement de répulsion et d’attraction. Répulsion de l’exil.
«Attraction de la patrie perdue et que l’écrivain cherche son nomadisme mondial, écrit et récrit, construit et reconstruit à l’infini dans chacun de ses romans, une manière pour lui de marcher sur ses propres traces, travail de mémoire et d’écriture qui lui permettent de se réapproprier l’espace familial originel (Léger et all., 2016, p. 22).
Rodrigues, lieu d’exil Les personnages de Rodrigues se sentent seuls dans les lieux d'exil. L’île Rodrigues est aussi une île sauvage perdue dans l’océan Indien et située à 600 km de l’île Maurice. Elle est également très éloignée des principales routes maritimes et le tourisme y est très peu développé. Le Clézio l'a clairement évoqué dans son livre. Rodrigues est un endroit qui aliène tous les humains: «C'est l'appel d'un autre monde, d'un monde vide d'hommes, où règnent les rochers, le ciel et la mer» (Le Clézio, 1986, p. 27). Rodrigues est une terre dont les habitants y «auraient été exilés» (Le Clézio, 1986, p. 36). Rodrigues est dépourvu de toute influence humaine, la végétation y est aussi différente de partout ailleurs, c'est comme un exil d'humains qui veulent s'éloigner de tout. Le Grand-père se voit loin de tout le monde sur cette île. Le Clézio est également venu à Rodrigues spontanément et volontairement. Il n'a jamais douté de son voyage et est en quête d'aventure : «Aurais-je fait ce long voyage jusqu’à cette vallée aride devant la mer, ce lieu sans passé ni avenir, si je n’y avais pas été attiré comme malgré moi par les jalons laissés par mon grand-père?» (Le Clézio, 1986, p. 142). Le grand-père y est allé aussi, mais il est parti parce qu'il n'avait plus besoin de rien et voulait être seul. À ce propos Le Clézio écrit:
«Pour mon grand-père accablé de dettes, menacé d’être déchu de sa charge de juge, spolié par sa propre famille et chassé de la maison où il était né, avec sa femme et ses enfants, sachant alors que l’horizon étroit de Maurice s’était fermé sur lui, la seule aventure c’était donc partir, aller en mer, aller vers l’horizon, chercher le lieu de son rêve». (Le Clézio, 1986, p. 65).
Le titre du livre de Le Clézio est aussi un étrange aveu car l'auteur parle d'emblée d'un lieu géographique moins connu: Rodrigues. Le personnage du roman se retrouve dans des terres qui ne font pas rêver ceux qui y pensent. Contempler un paysage inconnu permet de se retrouver seul face à soi. Cette île est aussi comme un lieu d’auto-exil. Par conséquent, la motivation pour partir est en réalité le désir d’échapper à un monde décadent. Mais ils se rendent vite compte que le but de leur exil est différent, que l’émigration n’était pas seulement due au désir de s’évader, mais que derrière cette pensée initiale se cache une autre pensée, plus profonde mais moins évidente. En un mot, le but premier du départ n’était qu’une excuse. Le trésor que recherchent les personnages de Le Clézio n’est donc pas seulement matériel. Cette dualité du trésor trouve écho dans la présence du masque que le personnage principal découvre dans le coffre à la fin de son voyage. Mais c'est là le problème. Ce n'est qu'après avoir choisi de s'exiler et d'éradiquer que les personnages découvriront le véritable trésor à la fin de leur quête. Lorsque le trésor est trouvé, c'est-à-dire lorsque la quête elle-même est terminée, les personnages retournent chez eux à leur origine. Contrairement au déraciné qui ne retourne jamais au pays de sa naissance, l’exilé retourne toujours à la source. Selon Shmuel Trigano, «La terre ne change pas, en fait, mais l’exilé, qui cesse d’être un déraciné. C’est comme si son identité se voyait alors restructurée, définie non plus par rapport à l’originaire - rapport de l’identique- mais rapport à l’originel, caché dans et par l’originaire et référence de l’en dehors identique» (Trigano, 2001, p. 89-90).
Conclusion Dans cet article, nous avons examiné la nature de l'identité et de la connaissance de soi afin de pouvoir approfondir cette question de manière plus détaillée dans le livre Voyage à Rodrigues. L'identité de chaque personne est sa plus grande richesse, et chaque être humain s'efforce de trouver son «qui je suis» tout au long de sa vie. Les personnages et protagonistes du Voyage à Rodrigues entament également un voyage extérieur à la recherche d'or et de trésors. Mais au fur et à mesure que l’histoire progresse, ils subissent des transformations intérieures et entament un voyage intérieur qui leur fera découvrir leur véritable identité. Les voyages intérieurs sont le début de la découverte de la nature de l'identité et de leur vérité intérieure. Le narrateur, lui-même écrivain, suit les traces de son grand-père. Rodrigues n'est pas la terre d'exil de grand-père mais une véritable terre et la légende de sa vie. Il y est allé pour s'éloigner du monde corrompu. Pour le narrateur, cet endroit est la vraie vie, l’île est un endroit où rien n’est corrompu. Il faut dire que ces souhaits, rester sur l'île (narrateur) ou la quitter (Arturo), reflètent un mouvement intérieur, en effet la recherche du lieu réel rejoint la recherche d'identité. Dans cette histoire, le voyage est autant un mouvement spatial que temporel. Le narrateur recherche à la fois les traces laissées par son grand-père et les traces de son passé, comme si ces traces étaient les clés qui peuvent lui permettre de passer dans un autre monde. Rodrigues n’a jamais été l’île au trésor dont rêvait son grand-père, parce qu’il y a beaucoup de contradictions en ce lieu. Il cherche un autre espace que celui dans lequel il a voyagé, et cherche des signes. Voyage à Rodrigues est le récit d'un voyage qui ne décrit pas l'errance du narrateur sur l'île, mais une histoire dans laquelle rien de spécial ne se passe et dans laquelle le narrateur recherche son origine. Dans Voyage à Rodrigues, le narrateur retrouve son grand-père, le rencontre, mais à sa manière. Il se lance dans cette quête pour découvrir son identité, mais finit par conclure que la vraie vie est ici, sur l'île. L’île est en réalité une métaphore du retour à son origine. Et la mer est le chemin qui mène à «l’autre monde». Le voyage de Le Clézio à Rodrigues semble inachevé, dans le sens où Rodrigues ne devient jamais l'île au trésor qu'il cherche car c'est un lieu contradictoire: le narrateur cherche un autre espace que celui où il voyage. La destination du voyage est un lieu imaginaire. Un endroit de rêve où l'on croit lire ses restes sur les rochers. Un lieu du passé, des cartes de chercheurs d'or et un monde plein de mystère qui n'existe plus. Après avoir parcouru de nombreux chemins et traversé les difficultés de la route, le narrateur atteint un aperçu profond de son identité et de «qui je suis» et comprend son vrai moi. Il se retrouve au cours de ce voyage et accède à son moi intérieur. Après trente ans, il conclut que le véritable trésor est à l’intérieur de l’être humain, dans l’amour de la vie et dans la beauté de ce monde. Du coup, son auto-exil à Rodrigues est pour lui un signe de lui-même en termes d’identité. Les deux personnages principaux de l'histoire, le narrateur et son grand-père, cherchent à découvrir la vérité sur leur existence et leur identité intérieure. Chacun d’eux s’engage sur un chemin inconnu pour atteindre cet objectif. Peut-être qu'ils ne savent pas pourquoi ils sont venus à Rodrigues dès le début, mais peu à peu et après avoir traversé la nature, surmonté de nombreux obstacles et atteint une profonde compréhension d'eux-mêmes, ils réalisent qu'ils s'y cherchent. Le véritable trésor réside en eux, ils doivent le rechercher et en extraire la vérité. Découvrir cette vérité est le grand trésor. Lors du voyage à Rodrigues, la renaissance de Le Clézio semble être évidente à la fin de ses mémoires alors qu'il se transforme en autre chose. Il accède enfin à sa propre identité: l'inconnu qu'il a tant cherché se révèle finalement n'être que lui-même: «un instant, dans ce paysage minéral, avec ce vent, ce soleil, cette lumière, j’ai été celui que je cherchais! Non plus moi, ni mon grand-père, mais le Corsaire inconnu» (Le Clézio, 1986, p. 124). Il se produit donc une véritable transformation chez le narrateur. En fin de compte, ce qui le surprend, c'est d'arriver à une compréhension profonde de la vérité sur «qui je suis». Mais le narrateur lui-même ne fait pas exception à cette règle. Il se rend également compte que son voyage dans les terres inconnues de Rodrigues n'a pas été futile, mais qu'il l'a plutôt familiarisé avec les couches cachées de son être et a découvert et dévoilé la vérité de son existence. Il finit par ne pas trouver le trésor, mais il retrouve les empreintes de son grand-père. Il le rencontre, mais à sa manière. Aussi, traverser la mer jusqu'à Rodrigues est aussi pour eux un symbole de purification, l'eau nettoie les âmes de toutes pensées impures. On peut affirmer avec audace qu'en écrivant ce livre, Le Clézio s'est lancé dans ce voyage de réconciliation avec la nature et voit sa recherche de lui-même dans la nature vierge de Rodrigues. | ||
مراجع | ||
Cavallero, C. (2009). Le Clézio témoin du monde. Calliopées. De Cortanze, G. (2009). J.M.G. Le Clézio. Gallimard. De Cortanze, G. (2002). J.M.G. Le Clézio: Le nomade immobile. Editions du chêne. Le Clezio, J.M.G. (1985). Le Chercheur d’or. Gallimard. Le Clezio, J.M.G. (1986). Voyage à Rodrigues. Gallimard. Léger, Th., Rousse-Gillet, I., et Salles, M. (2016). Le Clézio, passeur des arts et des cultures. Presses universitaires de Rennes. Moura, J. M. (2003). Exotisme et lettres francophones. Presses Universitaires de France. Onimus, J. (1994). Pour lire Le Clézio. Presses Universitaires de France. Rannou, P. (2009). J.M.G. Le Clézio et le récit poétique. Editura Universităţii Trigano, S. (2001). Le temps de l’exil. Payot. Tadié, J. Y. (2013). Le roman de l’aventure. Gallimard. | ||
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