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Communication Mystique des Littératures Française et Persane: l’Etude du Mysticisme de Mowlana chez Christian Bobin | ||
Revue des Études de la Langue Française | ||
دوره 15، شماره 2 - شماره پیاپی 29، اسفند 2023، صفحه 29-38 اصل مقاله (315.75 K) | ||
نوع مقاله: Original Article | ||
شناسه دیجیتال (DOI): 10.22108/relf.2024.139649.1225 | ||
نویسندگان | ||
Fatemeh Ghasemi؛ Mohammad-Reza Farsian* | ||
Département de français, L’Université Ferdowsi de Mashhad, Mashhad, Iran | ||
چکیده | ||
La littérature mystique est un genre littéraire qui aborde des sujets liés au mysticisme. De nombreux écrivains et poètes explorent ces thèmes dans leurs œuvres. Influencé par Mowlana, Christian Bobin, un écrivain contemporain de la littérature française, dont la familiarité avec Rumi est marquée par sa passion et son regard positif envers ce poète iranien, a reflété les thèmes et les aspects mystiques de la poésie de ce dernier dans ses propres ouvrages. Etant donné que l’étude d'influence est considérée comme l'une des branches de la littérature comparée, nous allons analyser, à travers une méthode comparative et analytique, l'influence et la présence de Mowlana et de son mysticisme chez cet écrivain français en utilisant les théories de Siegbert Salomon Prawer dans le domaine des études d’influence et de thématique. Nous constaterons que les thèmes et les notions mystiques des œuvres du poète iranien, tels que la présence et l'amour de Dieu, la mort et la nature se retrouvent dans les textes et les œuvres de Bobin, ce qui atteste de l'influence de Mowlana sur l'écrivain français. Cette influence prononcée a pu jouer à son tour un rôle indéniable dans la réception de Bobin en Iran. . | ||
کلیدواژهها | ||
Christian Bobin؛ influence؛ mysticisme؛ Mowlana؛ thème | ||
اصل مقاله | ||
La littérature comparée constitue l’une des branches de la critique littéraire qui peut mettre en lumière les interactions entre les différentes littératures mondiales, offrant ainsi aux comparatistes l’opportunité de réaliser des comparaisons pertinentes dans divers domaines, notamment les études d'influence. En examinant les similitudes et les différences entre les écrivains, poètes et œuvres de différentes littératures, les études d’'influence fournissent aux comparatistes des informations sur leur influence mutuelle. Mowlana est l'un des grands poètes de l'ancienne littérature persane ayant acquis une grande renommée non seulement dans la littérature persane, mais aussi dans la littérature mondiale. Ses idées sont considérées comme une source d'inspiration pour la littérature mystique, évoquant des sentiments et des émotions humaines, la relation avec Dieu et l'amour divin, ainsi que les relations humaines. Grâce à la richesse de ses pensées, les œuvres de ce poète ont été traduites dans plusieurs langues, dont le français. Dans la littérature française, de nombreux écrivains explorent le mysticisme en abordant des sujets tels que l’amour divin, la transcendance du temps et de l'espace, ainsi qu’un état d'esprit positif caractérisé par la joie, le bonheur, la paix et l'amour. Parmi ces figures, Christian Bobin, poète et écrivain contemporain (né en 1951), a été fortement influencé par les idées mystiques de Mowlana. Il convient de noter que cet écrivain jouit d’une grande réputation dans la littérature française et a été récompensé par plusieurs prix littéraires. Ses nombreux ouvrages dont Le Très Bas, Geai, Tout le monde est occupé, La Plus que Vive, La Folle Allure, Les Ruines de Ciel, La Femme à Venir, La Ressusciter, NoireClaire, La Grande Vie, ont été traduits en persan et ont été chaleureusement accueillis par les lecteurs iraniens. Du fait que Bobin affirme lui-même connaître les poètes de l’ancienne littérature persane tels que Mowlana (et Khayyam également), nous allons étudier et comparer les ouvrages de ces deux poètes et écrivains afin d'analyser en profondeur l'influence mystique et la présence de Mowlana chez l'écrivain français. Ainsi, nous allons examiner comment les aspects mystiques des idées de ce poète iranien se manifestent et témoignent de son influence sur Bobin. Le but de cette recherche est d'étudier et d'analyser, à travers une approche comparative et analytique le degré d’influence du poète iranien sur ce poète et écrivain français. Nous pensons que cette influence peut jouer un rôle remarquable dans le processus de la réception de Bobin en Iran.
Historique de la recherche Sur le système de pensée de Mowlana, ses idées, sa vision du monde et son mysticisme, de nombreuses recherches sont disponibles. Dans son article intitulé «Amour de l’autre et amour divin chez Rumi, Humaniste et Poète Mystique» et publié dans Revue des Etudes de la Langue Française en 2009, Micheline Bartolo traite de deux types de l’amour présents dans les écrits de Mowlana. En 2010, Mohammad-Amir et Mohammad-Reza Mashhadi, dans leur article «La stylistique de la pensée dans les quatrains de Mowlana», paru dans la revue Stylistique de la poésie et de la prose persanes sous le numéro 3, abordent les thèmes les plus importants de la pensée de Mowlana dans ses quatrains: les thèmes mystiques, moraux, philosophiques, sociaux et amoureux. De plus, dans un autre article intitulé «Le langage mystique dans Masnavi Manavi de Mowlavi», publié dans La littérature mystique et la mythologie sous le numéro 68 en 2022, les auteurs (Mokhtar Ebrahimi, Parvin Gholizadeh et Afsaneh Saadati) étudient les allégories et les symboles afin de mettre en lumière les expériences mystiques de Mowlana dans Masnavi Manavi. Enfin, dans un exposé intitulé «Le mysticisme de Mowlana et quelques instructions de Masnavi», présenté au Centre des Etudes de Golfe Persique, Sami Rafie parle du mysticisme et du style de Mowlana dans ses écrits (Ebrahimi, M. & Golizadeh, P. & Saadati, A., 2022). En ce qui concerne la littérature française, nous avons identifié un mémoire de soixantaine de pages intitulé «Mysticisme et symbole dans l'œuvre de Christian Bobin», rédigé par Jindra Nechvatalova en 2011, dans lequel l'écrivain aborde brièvement quelques aspects symboliques présents dans cinq œuvres de cet écrivain français (Nechvatalova, 2011). Ainsi dans un autre mémoire de Master soutenu à l’Université Shahid Beheshti intitulé «La sémiotique de la lumière dans trois œuvres de Christian Bobin: Prisonnier au berceau, La plus que vive, La lumière du monde», rédigé par Marzieh Ghanavati, sous la direction de Marzieh Athari Nikazm, l’auteur traite de l’apparition de la lumière en rapport avec le mysticisme. Il est important de noter qu'à notre connaissance, aucune étude n'a été réalisée sur la comparaison du mysticisme chez Mowlana et Bobin, ainsi que sur la présence du mysticisme du poète iranien chez l'écrivain français.
Cadre théorique Ziegbert Salmon Prawer, professeur de la littérature comparée à l'université Oxford, nous introduit de différents types d’études concernant l'influence littéraire. La première forme étudie les influences directes, le deuxième type analyse les influences reçues des autres littératures, la troisièmes forme présente l'analyse de différentes littératures interconnectées, et finalement, la littérature d'exil. Il convient d’ajouter que les études de la réception (à ces œuvres) peuvent enrichir les études de l'influence. N'oublions pas que ces études ne peuvent être dissociées de sujets tels que l'analogie, l'affinité et la tradition. L'analyse de l'analogie, dont de nombreux exemples se trouvent dans les œuvres de James J.Y Lieu, examine les principes communs propres à deux littératures. Dans le deuxième type d’études, où l’on trouve des exemples chez les recherches du théoricien Hans Robert Jauss, les ressemblances et les différences sont analysées dans un contexte historique et social. Ainsi, dans d'autres types de ces études, parallèlement à l'analyse des images communes entre les littératures sans aucune communication, le comparatiste peut s'instruire d'un thème propre dans une forme propre littéraire de la littérature mondiale. Dans les études relatives à la tradition littéraire, le comparatiste analyse les thèmes et les images communs (Prawer, 1973, pp. 54-66). À travers l'analyse des thèmes, le chercheur peut comprendre quel écrivain parle de quel sujet et comment ce sujet se présente pendant différentes époques. L'une des parties de l'analyse des thèmes consiste à représenter les phénomènes naturels et la réaction de l'homme face à ces événements. À travers ce type d'étude, le comparatiste analyse la réaction de l'homme face aux vérités éternelles de la vie, à savoir le pouvoir du destin, la vie de l'homme, les désirs, la mort, l'amour, etc. (Prawer, 1973, pp. 91-93). Dans cette recherche, en étudiant la représentation des phénomènes naturels, nous allons analyser les thèmes mystiques dans les œuvres de Christian Bobin et les écrits de Mowlana afin de mieux comprendre l’influence du poète iranien et sa présence chez l'écrivain français.
Mowlana Djalal-Ud-Din Rumi (Mowlana), poète de l’ancienne littérature persane, est un penseur mystique de tous les temps, qui est également l'un des plus merveilleux poètes de la littérature universelle. Son chef-d’œuvre Le Mesnevi, explore les joies, les tristesses vaines, les désirs, les déconvenues, la fierté, l'orgueil, la maturité et les enfantillages, le mensonge, la vérité, et tout ce qui concerne l'être humain. Ainsi, nous pouvons distinguer la poésie de Mowlana de celle des autres poètes dans les différents domaines, tels que la musique, les nouvelles images vivantes et dynamiques, les concepts et les pensées supérieurs. Les quatrains de Mowlana englobent des thèmes mystiques, moraux, philosophiques, sociaux et amoureux, parmi lesquels le mysticisme est dominant et. Nous pouvons constater que toutes ces notions mentionnées sont au service du mysticisme et des notions amoureuses (Mashhadi, M-R., & Mashhadi, M-A., 2010, p. 151).
Christian Bobin L'écrivain de la littérature française extrême-contemporaine, Christian Bobin, est l'auteur de plus de soixante ouvrages, dont plus de la moitié ont été traduits en Iran. Dès les premières traductions, les lecteurs iraniens l'ont chaleureusement accueilli, et ses œuvres correspondent au goût littéraire des lecteurs iraniens. Il est à noter que cet écrivain, selon ses propres dires, connaît bien les poètes de l'ancienne littérature persane comme Mowlana et Khayyam (Khalaji, 2017). Il déclare que c'est grâce à Mowlana et à ses poèmes qu'il a pu découvrir le cœur d'Iran. En tirant profit de cette connaissance, Bobin intègre le mysticisme de ce poète iranien dans ses écrits afin de mieux captiver l'attention de ses lecteurs. À travers la présente recherche, nous allons analyser les thèmes du mysticisme de Mowlana chez Christian Bobin pour étudier plus en profondeur l'influence mystique du poète iranien sur l'écrivain français.
Discussion Comme mentionné précédemment, Christian Bobin connaît bien Mowlana et ses idées. Dans cette section, nous allons voir comment le mysticisme du poète iranien se manifeste chez l'écrivain français afin d'étudier et d'analyser de manière plus approfondie l'influence du poète d'ancienne littérature persane sur Bobin. Dans l'un de ses livres intitulé La lumière du monde, Bobin présente Mowlana comme le roi des poètes et déclare:
«Pour moi, Djalal-Ud-Din Mohamad Balkhi; le grand poète du mysticisme au 13e siècle, est le poète des poètes. Quand on lit ses livres, on récite des poèmes sans penser. Pour moi, il est attirant beaucoup plus que des autres beaux. Je le lis parce qu'il me donne un sens comique ver le monde. Au centre du cœur de Mowlana, on retrouve une science. [...] L'intérêt de Mowlana pour l'instant présent est si fort qu'on peut le considérer comme la source de Dieu. [...] Dans la poésie de Mowlana, il nous semble que la rose rouge vient de l'odeur de cette rose rouge. Tout se mêle mais en même temps tout se trouve dans sa propre place. Mowlana a traversé le ciel de la logique. Ce qui m'intéresse dans sa pensée, c'est son mouvement et son action qui ressemble au déplacement d'une abeille entre la ruche et la campagne [...]» (Bobin C. , 2012, pp. 50-51).[1]
L'une des expériences les plus magnifiques que chacun peut vivre est l'amour. Celui-ci implique d'écouter ce que notre cœur nous dicte. L'amour représente en effet le dépôt divin qui se trouve au centre de notre existence. Dans la littérature du monde entier, de nombreux écrivains et poètes se servent de l'amour pour mieux communiquer avec les lecteurs, voire pour les influencer. L'importance de l'amour est si prépondérante que Mowlana lui accorde une priorité indépendante à l'égard de la raison et de la sagesse (Bahrami, 2016, p. 3):
«Qu'est-ce qui fait ce plaisir contenu dans les formes? Qu'est-ce qui fait que sans lui se ternissent les formes? Cela qui un instant s'absente de la forme Celui qui un instant y brille de l'invisible» (Anvar, 2011).
Ainsi, ce poète considère l'amour comme l'origine et la source de la vie (Bahrami, 2016, p. 10). «L'amour est ce qui donne la joie aux créatures L'amour est ce qui cause la jouie infinie. Ce n'est pas la mère qui nous donna la vie, c'est l'amour. À cette mère, cent louanges et miséricordes»! (Rumi, 2003, p. 33)
Selon Mowlana, l'amour n'a pas de fin, et pour lui, il contient des aspects éternels. Par conséquent, Dieu, qui est le seul amour de ce poète iranien, n'a pas de fin dans le chemin de la vie (Bahrami, 2016, p. 19)
«Dans mon cœur, et en dehors de mon cœur, il n'y a que Lui Dans mon corps, la vie, la veine et le sang ne sont que Lui. Comment seraient ici possibles l’incroyance et la foi? Nul doute n'est dans mon être, puisque tout est Lui» (Rumi, 2003, p. 24).
À travers les idées de Mowlana, nous comprenons que l'amour préexiste à l'homme; Dieu est à la fois l'amant(e) et le/la bien-aimé(e). Donc il est le commencement et l'origine de l’amour (Bahrami, 2016, p. 19):
«C’est l’Amour qui détient la pierre philosophale de la Lumière C’est un nuage porteur de cent mille éclaires. Dans le tréfond de mon être réside la mer de sa gloire Toutes les créatures sont noyées en cette mer» (Rumi, 2003, p. 14). Par ailleurs, le mysticisme n'a pas de sens sans amour, et dans la littérature mystique, deux types de l'amour se présentent: l'amour humain, corporel ou encore physique, et l'amour divin. Le Mesnevi de Mowlana est un chant de l'amour divin. Dans l'un de ses poèmes intitulés «Mussa et le pasteur», le poète iranien nous présente de manière très accessible la victoire du cœur et la pureté de l'amour divin. D'après lui, il n'existe pas de manière propre et difficile, pour présenter cet amour. Chez Bobin, à côté de l'amour humain, l'amour divin est présent dans ses livres. Nous constatons que, comme Mowlana, l'écrivain français n’a pas de limites pour exprimer l'amour, que ce soit l'amour humain ou l'amour divin: Ma façon d'aimer est une façon de laisser aller, laisser être libre (Bobin C. , 1997, p. 80). Nous voyons que devant l'amant, nous sommes libres d’exprimer nos sentiments. Il est essentiel de mentionner que Bobin considère Dieu comme l'amour, et chez lui, la présentation de l'amour est introduite comme une expérience et un acte mystique. (Bobin C. , 2011, p. 96) Tout comme Mowlana qui considère l'amour divin comme l'origine de la vie, aux yeux de l'écrivain français, Dieu est perçu comme l'océan et la source de toutes les choses: L'amour de soi naît dans un cœur enfantin. C'est un amour qui coule de sources. Il va de l'enfance jusqu'à Dieu. Il va de l'enfance qui est la source, à Dieu qui est l'océan (Bobin C. , 1992, pp. 28-29). Nous voyons que l'amour du poète français pour Dieu est si fort qu'il profite de l’image de l'océan, un vaste étendu d'eau, entre autres, afin d'illustrer la grandeur de cet amour. Par ailleurs, dans ses poèmes, Mowlana insiste sur l'existence de Dieu. Ce qui est intéressant, c'est qu'il voit Dieu dans toutes les choses, même dans le vent, le rossignol, etc.:
«J'entends son message dans le vent Le rossignol enivré me répète son nom Cette image étrange que j'ai vu sur la porte du cœur Sur sa terrasse j'en entends parler» (Rumi, 2003, p. 192). Ou encore «Dans le jardin, il y a des milliers de belles Des roses, des violettes, au parfum délicieux Et cette eau luisante comme une cotte de mailles, coulant dans le ruisseau Tout cela n'existe pas, tout cela était Lui» (Rumi, 2003, p. 195).
Chez Bobin aussi, la présence de Dieu est indéniable; il Le trouve même dans le quotidien et ressent Sa présence constante: Quand je sens les cristaux de l'air glacé heurter mes joues, je sais immédiatement que j'existe et que Dieu existe avec moi. ( (Bobin C. , 2009, p. 19) Ou encore: Je n'ai pas besoin de grandes vues pour louer la grandeur de Dieu puisque je crois qu'il existe dans de petits objets [...] (Bobin C. , 2012, pp. 34-35).[2] Ainsi, nous constatons que chez le poète iranien, Dieu est celui qui sait tout; celui qui peut tout faire:
«Tous les biens et les maux existant en apparence et en secret Viennent par l'ordre de Dieu, par la fatalité et le destin J'ai beau faire des efforts, la fatalité proclame: "Hors de ton action, il est une autre action"». (Rumi, 2003, p. 145)
Ou encore
«Je suis ta poussière, et Dieu le sait Il n'est pas nécessaire qu'il t'enlève à moi S'il t'enlève à moi, je prierai sans cesse Jusqu'à ce qu'il me prenne en pitié, et te place auprès de moi» (Rumi, 2003, p. 193).
Chez Bobin aussi, Dieu se présente comme celui qui possède le savoir et le pouvoir absolus: (Quand le cœur de l'homme arrive à la dernière page (comme un livre), il meurt. La lecture du livre de leurs cœurs ne se finit pas jusqu'à la fin de leur vie. C'est seulement Dieu qui peut lire le tout de ce livre dans un seul moment. Dieu est le lecteur le plus complet de l'univers.)[3] (Bobin C. , 2011, pp. 71-72). Ainsi, l'écrivain français reconnaît Dieu comme la seule personne possédant le savoir et le pouvoir complets. En effet, c'est seulement Dieu qui connaît le début et la fin de toutes les choses. Parler de la mort est un autre aspect de la littérature mystique. Le poète iranien a adopté un regard positif sur la mort; il fait l'éloge de ce phénomène et l'accueille chaleureusement puisque chez Mowlana la mort est un phénomène qui possède une valeur d'éternité et par lequel notre cœur devient éternel:
«Dans la mort il y a la vie éternelle pour ceux qui sont justes et croyants Si l'âme est pure, elle accepte la mort Cette mort n'est ni châtiment ni injuste, mais une apparence Avant de mourir, il était en train de mourir, c'est cela la douleur» (Rumi, 2003, p. 227).
Selon le poète iranien, tout est éphémère; l'homme et sa vie dans ce monde prendront fin:
«Quelques temps, dans notre enfance, nous sommes allés à l’école Quelques temps, nous nous sommes contentés de voir nos amis Écoute la fin de notre histoire: que nous est-il arrivé? Nous sommes apparus comme le nuage, nous avons disparu comme le vent» (Rumi, 2003, p. 236).
Donc, nous voyons que pour lui, tout se passe en un clin d'œil, et c'est pour cette raison qu'il croit en une vie éternelle qui survient après la mort. Par conséquent, la mort est un phénomène que Mowlana considère de manière positive. L'instabilité de l'homme et de la vie est ressentie chez Christian Bobin: La solitude éclaircit notre regard. Elle nous dit que la vie passe comme un vent, [...][4] (Bobin C. , 2004, p. 38). L'écoulement et l'instabilité du vent peuvent suggérer la fuite du temps et l'instabilité de la vie dont l'idée est prise de Mowlana et Khayyam, un autre poète de l'ancienne littérature persane. Influencé par le regard positif du Mowlana, nous voyons que lorsque Christian Bobin parle de la mort, il se souvient de l'amour: [...] J'ai compris que comme pour la vie, il ne fallait écouter absolument personne et ne parler d'une mort que comme on parle de l'amour, avec une voix douce, avec une voix folle, en ne choisissant que des mots faibles accordés à la singularité de cette mort- là, à la douceur de cet amour-là (Bobin C. , 1996, p. 17). Selon lui, il n'y a pas de différence entre parler de l'amour et de la mort. En effet, les idées abordées par Mowlana sur ce phénomène, à savoir l'éternité de l'homme à travers la mort et le commencement d'une nouvelle vie, entraînent le poète français à entreprendre un regard délicat vers la mort. Par ailleurs, l'approche positive de la mort chez le poète français est si forte que Bobin la considère comme sa sœur: Après quelques semaines de silence, François d'Assise rajoute simplement une phrase, une phrase éblouissante, lumière de langue nouée au silence: «loué sois-tu pour notre sœur l'amour» (Bobin C. , 1992, p. 81). Chez lui, il n'y a pas de différences entre la mort et la vie et tous deux se présentent comme des notions identiques. Ajoutons que Mowlana insiste sur l'éternité de notre cœur. Influencé par le poète iranien, Bobin fait de même lorsqu'il déclare: (Quand une personne meurt, c'est seulement son cœur qui reste. La mort ne peut jamais acquérir le cœur. Ce dernier résiste à la destruction. Le cœur est le centre du monde.) [5] (Bobin C. , 2011, pp. 96-97). Il faut ajouter que chez Mowlana nous pouvons trouver la présence de la nature par laquelle ce poète transmet son message au lecteur en profitant de différentes figures du style: «Quand l'aube de l'amour divin commence à se lever L'âme dans le cœur des vivants prend son vol L'homme arrive à cet état où, à chaque souffle, Sans se servir de ses yeux, il parvient à voir l'Ami» (Rumi, 2003, p. 191).
À travers cet exemple, nous voyons que pour Mowlana Dieu et l'amour divin se ressemblent à l’aube. En effet, ce poète iranien profite de la nature afin de présenter l'amour envers Dieu, un thème mystique récurrent chez lui:
«Partout où je pose ma tête, c'est Lui qui est prosterné Dans les six directions et en dehors d'elles, c'est Lui sui qui est prié Le jardin et la fleur, le rossignol, le sama' et le Bien-Aimé, Toi seul es mon but, la seule Réalité» (Rumi, 2003, p. 194).
Chez lui, la nature ne se présente pas comme un élément artificiel; elle est vivante et a une fonction particulière. Dans les textes de Bobin, la nature est présentée sous deux formes; la nature dans son propre sens et la nature dans le sens figuratif. Comme Mowlana, pour Bobin, la nature possède une fonction vivante: Les papillons qui bégaient, les abeilles chercheuses d'or et le vent qui comme un fou parle à tout le monde: mes maîtres sont devant moi, qui m'instruisent sans y penser (Bobin C. , 2009, p. 108). Influencé par Mowlana, l'écrivain français profite de temps en temps de la nature pour mieux transmettre son message et ses idées. La fuite du temps et l'instabilité de la vie font partie des notions dont Bobin se sert de temps en temps de la nature et des éléments naturels afin de les illustrer: (Écoute le murmure d'eau qui passe; comme un enfant qui écoute le chant d'un grillon. La voix d'eau nous raconte l'équipée du temps qui passe.)[6] (Bobin C. , 2011, p. 31) Comme nous l'avons mentionné, la présence et l'existence de Dieu font partie des aspects mystiques de la poésie de Mowlana, qui sont illustrées de différentes manières, notamment dans l’utilisation de la nature:
«J'entends la chanson du rossignol enivré J'entends un sama' merveilleux dans le vent Dans l'eau, je ne vois que l'image du Bien-Aimé, Et dans la fleur je ne sens que son parfum» (Rumi, 2003, p. 212).
Influencé par le poète iranien, Bobin profite de la nature pour illustrer quelques notions mystiques comme la présence de Dieu: Reste la lumière où le chant s'égarait, cette lumière inusable de chaque jour dans la vie, la même lumière depuis des siècles, le nom si vieux de cette lumière si jeune, ce nom aveugle dans toutes langues, cette blancheur dans toutes les voix- Dieu. Reste Dieu, vieux soleil à partir de quoi tout peut être réveillé, et l'oiseau, et le chant (Bobin C. , 1992, p. 69).
Conclusion Dans cette recherche, en considérant la familiarité de Christian Bobin avec Mowlana, nous avons constaté la présence remarquable de ce poète iranien dans les textes de l'écrivain français. En effet, les lecteurs familiers avec les poèmes de Mowlana, peuvent reconnaître les idées et les thèmes mystiques de ses quatrains dans les œuvres de Bobin; ce qui peut être considéré comme un élément qui favorise sa réception en Iran. Il ne faut pas négliger le rôle de la connaissance de Bobin et son regard positif sur Mowlana dans cette influence.
[1] Traduit par les auteurs de l’article [2] Traduction des auteurs de l’article [3] Traduit par les auteurs de l’article [4] Traduction des auteurs de l’article [5] Traduction des auteurs de l’article [6] Traduit par les auteurs de l’article | ||
مراجع | ||
Bibliographies
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