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La remise en doute de L’individualisme, comme une valeur moderne, dans le roman Immortalité de Milan Kundera | ||
Revue des Études de la Langue Française | ||
مقاله 9، دوره 14، شماره 1 - شماره پیاپی 26، مهر 2022، صفحه 113-124 اصل مقاله (896.91 K) | ||
نوع مقاله: Original Article | ||
شناسه دیجیتال (DOI): 10.22108/relf.2023.137408.1211 | ||
نویسنده | ||
Rouhollah Nematollahi* | ||
Assistant Professor and Faculty Member of the Department of Foreign Languages, Faculty of Literature and Humanities, Shahid Bahoner University of Kerman, Kerman, Iran | ||
چکیده | ||
Si l'on considère l'individualisme et la recherche de l'individualité comme l'une des valeurs de la modernité, cette valeur est mise en doute dans la pensée postmoderne. Dans cette recherche, nous étudions comment cette mise en doute se révèle dans le roman L’Immortalité de Milan Kundera et le comportement des personnages. En fait, l’objectif de cette recherche est de projeter la lumière sur l'un des grands défis du monde contemporain, qui est la négation de l'individualité et la tendance au conformisme, et de montrer comment telle négation, en tant que l'un des signes de la fin de la modernité, se manifeste tant dans le comportement des personnages du roman que les événements du récit. Notre approche est une approche analytique basée sur le concept de l’individualisme et son importance dans le monde moderne ainsi que sur les idées que Kundera développe dans l’Art de roman et les travaux d’autres penseurs. Dans le roman L’Immortalité la remise en doute de l'individualisme se révèle sous la forme d'une crise d'identité chez le personnage principale Agnès et sa sœur Laura et leur révolte contre la société uniforme. Leur tentative à arborer un « moi » unique et autonome est souvent vouée à l’échec, ne leur apportant que l’isolement et la déception. | ||
کلیدواژهها | ||
Différence؛ Immortalité؛ Individualisme؛ Kundera؛ Ressemblance | ||
اصل مقاله | ||
Introduction Souvent, les personnages de Kundera souffrent d'une phobie, enracinée dans la menace, par la société, de leur statut de l’individu et les barrières que la communauté leur impose. Ils perçoivent, à chaque moment, l'ombre de cette menace et n'y connaissent d'autre issue que la solitude et la rupture avec la société. Certains personnages de Kundera résistent à cette exigence moderne niant leur individualité pour les uniformiser selon les normes de la communauté. Parmi ces personnages, les plus remarquables sont, peut-être, Sabina dans Insoutenable légèreté de l’être et Agnès dans L’Immortalité. Ces personnages ont un grand désir de fuir la foule, de se distancier pour protéger leur individualité ; on dirait que leur vie est marquée par cette phrase d’Epicure : « tu vivras caché ». Ils font face à leur solitude, la transformant progressivement en un abri contre la société uniforme. Ce conflit entre les personnages individualistes d'une part, et la communauté homogène d'autre part, crée les scènes les plus spectaculaires des romans de Kundera. L'effort de ces personnages est étroitement lié à l'une des tendances majeures du sujet moderne, à savoir la tendance à préserver son intégrité. Le lecteur sympathise souvent avec ces personnages, qui sont, le plus souvent, des personnages principaux. A l’inverse, il existe d'autres personnages qui nient leur individualité avant de s'identifier à la communauté. Des personnages comme la mère de Teresa dans Insoutenable légèreté de l’être, la mère de Jaromil dans la vie est ailleurs et Paul dans L’Immortalité. Le but de cette recherche est d’explorer les questions suivantes : Comment l’échec de l'individualisme se manifeste-t-il dans le roman de Kundera ? Quelles sont les raisons de tel échec ? Comment cela affecte-t-il le comportement des personnages ? Dans le roman L'Immortalité, l'échec de l'individualisme apparaît surtout sous forme d'une crise d'identité, accompagnée par la résistance des personnages au conformisme de la société et par leurs efforts pour exprimer leur « moi » tout en paraissant différents. Mais comme il n'y a ni de différence absolue, ni de caractéristique propre à une personne en particulier, la tentative des personnages se solde par l'échec. Un individu qui ne réussit pas à rejoindre le conformisme est condamné à l'isolement, l'anxiété, la tristesse et le désespoir. Mais, on peut dire que la simple tendance des personnages à exprimer une identité unique et différente renvoie à l'un des enjeux majeurs du monde contemporain, soit le règne du conformisme et la négation de l'individualisme. L'approche utilisée dans cette recherche est une approche analytique, basée sur le concept de l’individualisme ainsi que son importance dans le monde moderne. Dans L'Immortalité, le personnage d'Agnès symbolise tel concept. Sa tentative pour défendre son individualité ne lui apporte que l'isolement et l’évasion. Avec sa sœur Laura, elles essayent d’afficher une identité unique et autonome.
Antécédents de recherche L'œuvre de Kundera a fait l'objet de nombreuses recherches et il n'est pas possible de les aborder toutes dans cet article. En attendant, ce qui a été important pour nous, dans la lignée de nos recherches, c'était des articles qui acceptent plus ou moins une lecture postmoderne de l'œuvre de Kundera. Sur cette base, nous avons trouvé onze articles qui ont tous été écrits à partir d'une telle lecture. En effet, c'est le seul aspect commun entre ces articles notre recherche. Nous ne mentionnerons donc que le titre et le sujet de quelques-uns : Le hasard à l’œuvre chez Milan Kundera rédigé par Thierry Parent, publié dans la revue Études françaises, (vol. 41, n° 2, 2005, p. 117-134.), dans lequel l’auteur traite des concepts le hasard, la coïncidence et l’irrationnel dans l’œuvre de Kundera. La sociologie, mise en abîme : essai avec la participation non autorisée de Milan Kundera rédigé par Thériault, B. et publié dans la revue Eurostudia, (9(1),2014, 41–50). Dans cet article, en étudiant l’ouvrage Rideau de Kundera, l’auteur fait une comparaison entre le travail du romancier et la sociologue. Le romanesque et la pensée dans la lenteur de Milan Kundera rédigé par Pascal Riendeau dans la revue Temps Zéro (2014, Issue 8, p53-66), comme son nom l’indique, est une étude sur l’interaction du romanesque et la pensée dans le roman « la lenteur » de Kundera; une fois ne compte pas le paradoxe de la répétition dans l’œuvre de Kundera rédigé par Jorn Boisen de la revue de l’université de Copenhague et qui est une analyse du thème de la répétition, comme une question existentielle, et son rapport avec la structure des romans de Kundera. ; A l’ère des paradoxes terminaux; lecture postmoderne de L’Insoutenable légèreté de l’être de Milan Kundera rédigé par Akram Ayati à la revue de la Faculté des Lettres (Année 10, N0 18 ) de l’université Tabriz. Dans cet article l’auteur étudie la manière dont « l’œuvre de Milan Kundera s’inscrit dans le courant postmoderne » et « les stratégies que l’auteur met en action afin de révéler l’aspect postmoderne de son univers romanesque ». Nous avons également étudié une mémoire et deux livres dont les titres sont : Le déplacement de la mémoire dans l’œuvre romanesque de Milan Kundera rédigé par Alex Noël au département de langue et littérature françaises université McGill, Montréal, dans laquelle l’auteur analyse le thème de mémoire et oubli et son rapport avec deux éléments du temps et de l’espace dans quelques ouvrages de Kundera. Le dernier après-midi d'Agnès : essai sur l'œuvre de Milan Kundera rédigé par Français Ricard et publié chez l’éditeur Gallimard. Dans son essai, Ricard fait une recherche approfondie sur le thème de l’exil dans l’œuvre de Kundera ; Kundera ou La mémoire du désir, rédigé par Eva Le Grand, et publié chez l’éditeur Harmattan. Ce livre aborde le thème du mémoire dans son rapport avec les thèmes kitch, variation formelle et le concept de Don Juan. L’explication de ces articles et ces livres n’entre pas dans le cadre de notre recherche. Tout en s’inspirant des recherches précédentes, l’originalité de notre recherche vient de son objet, à savoir le déclin de l’individualisme dans la société contemporaine à travers l’étude du roman L’Immortalité de Kundera.
Les positions théoriques Bien que dans les romans de Kundera regorgent de thèmes et questions, l'individualisme y occupe une place particulière. On peut même oser de l'appeler la quintessence de son œuvre, laquelle éclipse tous les autres thèmes et matières. Lui-même, dans l'art du roman, souligne le lien étroit existant entre l'apparition de ce genre littéraire et l'avènement de l'individualisme, comme l’une des valeurs des temps modernes :« l’avènement des Temps modernes. Le moment clé de l'histoire de l’Europe. Dieu devient Deus obsconditus et l’homme le fondement de tout. L’individualisme européen est né et avec lui une nouvelle situation de l’art, de la culture, de la science« (Kundera, 1986 : 180). Ancrée dans le rationalisme cartésien et donc l'émergence du sujet moderne, la nouvelle situation dont parle Kundera se révèle notamment dans monde relativiste du roman :
« Comprendre avec Descartes l’ego pensant comme le fondement de tout, être ainsi seul en face de l’univers, c’est une attitude que Hegel, à juste titre, jugea héroïque. Comprendre avec Cervantès le monde comme ambiguïté, avoir à affronter, au lieu d’une seule vérité absolue, un tas de vérités relatives qui se contredisent (vérités incorporées dans des égos imaginaires appelés personnages), posséder donc comme la seule certitude la sagesse de l’incertitude, cela exige une force non moins grande » (Kundera, 1986 : 17).
Pour Kundera, on le voit, la pensée romanesque et le rationalisme moderne ont tous deux contribué à l’avènement de l’individualisme et à l’ériger l’individu au statut de la valeur suprême. Cependant, ce n'est plus le cas dans le monde d'aujourd'hui, où on assiste au déclin de L'individualisme : « De même que Dieu céda, jadis, sa place à la culture, la culture à son tour cède aujourd’hui la place » (Kundera, 1983 : 10). Désormais, l’art, et notamment celui du roman, est la mise en œuvre d'un tel déclin :
« Ignorance de la notion des Temps modernes en Amérique révèle toute la fissure entre les deux continents. En Europe, nous vivons la fin des Temps modernes ; la fin de l’individualisme ; la fin de l’art conçu comme expression d’une originalité personnelle irremplaçable ; la fin annonçant l’époque d’une uniformité sans pareille » (Kundera, 1986 : 180-181).
Cette expression « d'une originalité personnelle irremplaçable », en tant qu’un élément important de l'art moderne, est attaquée par la pensée postmoderne. Celle-ci remet en question la crédibilité des normes modernistes, y compris la croyance en un art pur, spécial et original. Selon Caroline Guibet Lafaye :
« La nouveauté, si chère au modernisme, n’est plus, dans l’art contemporain, ni un moyen privilégié, ni un critère majeur du jugement esthétique. Bien au contraire, la postmodernité dénonce la nouveauté ou l’originalité comme des buts impossibles, voire comme des impostures. Cette disparition des critères et des repères esthétiques traditionnels, associée au développement croissant de l’individualisme, pluralise les critères de jugement » (Lafaye, 2000 :7).
Mais ce qui émerge dans l'art n'est rien d'autre qu'un reflet de la psyché ou de la condition humaine, ce qui s'applique également à l'art ou l'homme postmoderne. Pour être plus précis, le manque de stabilité, d'individualité, et d'identité fixe est la caractéristique du sujet postmoderne, qui se manifeste dans l'art de cette époque. Celui-ci est un sujet qui :
« Subit l’événement en même temps qu’il le fait, un sujet mis constamment en éveil par un prurit identitaire mais qui vit en permanence dans un sentiment de désenchantement et d’impuissance. Ce sujet ne renvoie plus à un soi unifié, intégré, le barré évoqué plus haut l’interdit dorénavant. C’est au contraire un sujet pluriel, hybride, aux identités multiples, aux appartenances, parcours, compétences et responsabilités à assumer diversifiés, un sujet fragmenté, nomade qui peut se laisser dissoudre justement au gré des événements rencontrés et vécus… Toujours est-il qu’avec ce sujet barré nous sommes loin du sujet moderne qui avait la prétention d’ériger la raison, sa raison, en tribunal du réel » (Boutinet, 2006 : 42,43).
Le déclin de l'individualisme coïncide donc avec l'émergence du conformisme. La plupart des personnages de Kundera choisissent un stéréotype ou une image préconçue tout en s'y harmonisant temporairement, consciemment ou inconsciemment. Cette attitude est, en effet, la forme la plus courante du conformisme. Là, le comportement conformiste va à l’encontre de l’individualisme. Un individu se conformant à une image stéréotypée évite toute expression autonome de son individualité; elle tente d’étouffer son vrai »moi« afin d'être en phase avec la société. Dans Le Temps des tribus, Michel Maffesoli s’interroge sur la place de l'individu dans les sociétés contemporaines (Maffesoli, 1988 :18,19). Selon lui, souhaitant être vu à tout prix, l'individu s'accroche à la solution la plus simple et la plus abordable : rejoindre un groupe et adopter ses propres images et styles. Les exemples incluent les fans d'équipes sportives, les membres d'une association ou d'une secte, etc. Pour Maffesoli, ces groupes jouent le même rôle que les tribus dans les temps anciens : « Qu’on le regrette ou non, c'est bien « un temps des tribus » qui ainsi s’annonce. Un temps où le style de voir, de sentir et d'aimer et d’enthousiasmer en commun, et au présent l’emporte, sans coup férir, sur les représentations rationnelles tourner vers l’avenir » (Maffesoli, 1993 : 45). Un homme dont l'individualité a été refoulée par les médias de masse est incapable de faire face à son vide existentiel. Il ne peut rien faire, sauf recourir à un groupe ou à une communauté, se créant ainsi une identité fausse et futile. Cependant, au-delà de son aspect temporel, historique et social, qui est lié à l'époque postmoderne, cette recherche d'identité collective a des racines beaucoup plus profondes dans la psyché de l'être humain. En effet, la quête de la « reconnaissance de conformité » est une qualité inhérente de l'être humain (Todorov, 1995 : 107) l'homme veut toujours être reconnu comme une créature identique aux autres. Il veut être et vivre comme tout le monde. Pourtant, on peut aussi vouloir être reconnu indépendamment, comme un individu différent des autres. Ce désir de « la reconnaissance de la distinction » conduit à la concurrence, tandis que le désir de se faire reconnaître comme semblable conduit au compromis (Todorov, 1995 : 107) Dans ces deux situations, c'est-à-dire « la reconnaissance de conformité » et « la reconnaissance de la distinction », ce qui attire notre attention, c'est le rôle de l’autrui dans la vie psychique de l’individu. C'est l'autrui qui détermine l'identité et lui donne sens. La conscience de soi d'une personne, à savoir l'expérience vécue qu'elle a de son propre être, découle à la fois des qualités qui la distinguent et de celles qui la ressemblent aux autres. De plus, la seule façon, pour un individu, d’afficher son « moi » et son individualité n'est rien d'autre que la conscience de la distinction. La conscience de sa propre identité dépend de sa conscience de ses différences vis-vis des autres.[1] L’échec de l’individu Le roman L’Immortalité peut à juste titre être considéré comme la défense, par l'auteur, de l'individu contre la société oppressive et médiatique. La première scène et le premier chapitre du roman (si ces petites unités peuvent être considérées comme chapitres) sont particulièrement importants à cet égard. Le geste de la vieille femme devant les yeux du narrateur-écrivain, qui rencontre professeur Avenarius, l'un des personnages du récit, a quelque chose d’écœurant. Ce geste ne correspond pas à l'âge de la femme : « Elle s'en allait en maillot le long de la piscine et quand elle eut passé le maître-nageur de quatre à cinq mètres, elle tourna la tête vers lui, sourit, et fit un signe de la main. Mon cœur se serra. Ce sourire, ce geste, étaient d'une femme de vingt ans !» (Kundera, 1990 :13). Le geste de la vieille femme est le point de départ d’une analyse, par narrateur-écrivain, de la situation de l'être humain ainsi que sa tentative d'exprimer son identité dans la société moderne. Le narrateur fait une analyse du sens et la fonction des gestes ainsi que leur lien avec la tendance humaine à exposer son « moi » et son « identité ». Selon le narrateur, les gestes renvoient avant tout à la tentative désespérée de l'être humain à exprimer son identité, une tentative condamnée toujours à l’échec car elle ne se réalise qu'à travers des éléments futiles et superficiels, y compris le geste, la voix et l'opinion. Ces éléments servent d'intermédiaires entre l'individu et la société. Un désir intrus mais indispensable conduit un individu à exprimer son « moi » comme un être isolé et unique avec une personnalité distincte et spéciale : « Mais l’homme ne se définit-il pas, et un personnage de roman plus encore, comme un être unique et inimitable ?» (Kundera, 1990 :17). Là, il s’agit, selon le narrateur, d’une contradiction. Les gestes sont communs à différents individus et ne peuvent donc pas être considérés comme un critère adéquat et définitif pour exprimer leurs différences : « Cela nous mène à une conclusion choquante : un geste est plus individuel qu’un individu. Pour le dire en forme de proverbe : beaucoup de gens peu de gestes » (Kundera, 1990 :18). Les phrases ci-dessus sont clairement ironiques car elles renvoient à l'incapacité de l'homme moderne à exprimer et à protéger sa propre individualité. On dirait que tout effort de l’homme est, à cet égard, vouée à l'échec car bien que l’on essaye de se définir, à l'aide d'éléments objectifs et apparents, une identité séparée et unique, ces éléments, étant propres aux êtres humains, sont communs entre différents individus et perdent donc leur caractère unique. Ce paradoxe vient du fait que notre distinction, à travers ces éléments, d’un groupe d'individus implique notre ressemblance à un autre groupe. Tout au long du roman L’Immortalité, on assiste à la tentative désespérée d'Agnès de se différencier des autres. Mais comme nous le verrons, contrairement à d'autres personnages, Agnès évite toute expression de son moi via des éléments objectifs. Dans le troisième chapitre, allant au club, Agnès rappelle qu'autrefois, la salle du club était un endroit plus simple, sans ornements ni décorations ; Mais maintenant, au fil du temps, il est devenu un endroit flashy, recouvert d'innombrables miroirs. La description de la salle renvoie, avec une subtilité exemplaire, à la négation de l'unicité individuelle dans un lieu public. Ici, on ne voit que des miroirs réfléchissant des images des personnes (ou plutôt des images d'objets), mettant en évidence des ressemblances corporelles. La répétition des images dans les miroirs rappelle la négation de l'individualité. Bien sûr, le corps joue ici un rôle indéniable car il est peu compatible avec l'individualité humaine ; Il ressemble une personne à une autre, déniant ainsi toute illusion du » moi « distinct et dissemblable. L'objet du regard de l’autrui, Le corps joue ainsi un rôle réduisant dans l'expression de l'identité. Le narrateur nous emmène ensuite dans le passé du personnage. Agnès se remémore un souvenir de son père dans lequel, en réponse à la question de s'il croit en Dieu, son père dit : « je crois en ordinateur de créateur » (Kundera, 1990 :22). La réponse est si étrange qu'elle reste, à jamais, dans l'esprit d'Agnès. Réfléchissant à la phrase de son père, Agnès effectue une analyse purement matérialiste qui nie toute individualité distincte et autonome :
« L’homme est un projet dont on peut dire la même chose. Aucune Agnès, aucun Paul n’a été planifié dans l’ordinateur, mais juste un prototype : l’être humain, tiré à une ribambelle d’exemplaires qui sont des simples dérivés du modèle primitif et n’ont aucune essence individuelle. Pas plus que n’en a une voiture sortie des usines Renault. L’essence ontologique de la voiture, il faut la chercher au-delà de cette voiture, dans les archives du constructeur. Seul un numéro de série distingue une voiture d’une autre. Sur un exemplaire humain, le numéro est le visage, cet assemblage des traits accidentel et unique. Ni le caractère, ni l’âme, ni ce qu’on appelle le moi ne se décèlent cet assemblage. Le visage ne fait que numéroter un exemplaire. » (Kundera, 1990 :23,24).
Inspiré par la pensée scientifique et matérialiste, ce déni de son identité unique, conduit à l'angoisse de l'individu, ce que l’on voit dans presque tous les romans de Kundera. Face à telle situation, la réaction des personnages est de se définir, à tout prix, une individualité spéciale et autonome pour l’afficher devant le regard de l’autrui. Cependant, leurs efforts n’entrainent que l'échec et la frustration. Selon Agnès, ce qui déjoue ces efforts, c'est le visage de la personne qui, tel un voile imparfait et superficiel, fait obstacle à la révélation de son « moi » :
« Pourquoi cette passion, se demanda Agnès et elle songea : une fois expédiés dans le monde tels que nous sommes, nous avons dû d’abord nous identifier à ce coup de dés, à cet accident organisé par l’ordinateur divin : cesser de nous étonner que précisément cela (cette chose qui nous fait face dans le miroir) soit notre moi. Faute d’être convaincus que notre visage exprime notre moi, faute de cette illusion première et fondamentale, nous n’aurions pas pu continuer à vivre, ou du moins prendre la vie au sérieux. Et ce n’était pas encore assez de nous identifier à nous-mêmes, il fallait une identification passionnée, à la vie et à la mort. Car c’est à cette seule condition que nous n’apparaissions pas à nos propres yeux comme une simple variante du prototype humain, mais comme des êtres dotés d’une essence propre et ininterchangeable » (Kundera, 1990 :24).
On peut donc dire que le personnage d'Agnès est engagé dans un dilemme. D'une part, elle a besoin de se concilier avec son image dans le miroir afin qu'elle puisse être réunie au flux de la vie quotidienne et sociale. Mais d'autre part, son visage est, à son avis, incompatible avec son « moi » véritable. Pour elle, le fait de se réunir à son visage implique un éloignement de son « moi ». L’harmonie avec le visage éloigne l'individu de lui-même et le rapproche de la société. Il n'y a plus d'identité autonome. Les frontières deviennent floues et »l'individualité« n'est qu'une imitation burlesque de millions d'autres individus.
Les visages et les noms Pour Agnès, le plus angoissant, c’est, à priori, la ressemblance entre les visages. En regardant le visage de Paul, son mari, il reconnaît la ressemblance indéniable entre lui et sa mère : « Dans les yeux de Paul, elle voyait l’amour, et dans les traits de Paul sa belle-mère. Il lui ressemblait comme sa belle-mère ressemblait à son père, qui à son tour ressemblait à quelqu’un » (Kundera, 1990 :48). Ici, d’une manière ironique, la ressemblance des visages éclipsent l'amour. Selon Agnès, la pensée matérialiste et objective de la société ne peut voir, dans l'existence les êtres humains, que des objets uniformes et similaires. On dirait que l’homme, l'objet du regard de l’autrui, est privé de toute identité autonome. Ou s'il a une telle identité, le voile du corps la cache, ne lui laissant aucune chance de se révéler. Ainsi, là où le regard amoureux doit, en règle générale, affirmer l'individualité de l'homme, tout en le montrant comme un être autonome et unique, il se mue, sous l'influence des ressemblances corporelles et objectives, en une preuve décisive de son manque d'individualité. Le visage, seule raison apparente d'une identité autonome, perd ainsi toute sa valeur. La conscience d'Agnès de la dualité entre visage et individualité, corps et âme, extérieur et intérieur, la présente comme le personnage le plus complexe du roman, et l'un des personnages les plus complexes de l'œuvre de Kundera. Il reste seul avec ses soucis. D'autres personnages semblent être loin d'un tel conflit ; ils l'ont, pour ainsi dire, résolu. Ils s’harmonisent avec leur visage et s'établissent dans leur corps, sans hésitation ni question. Ailleurs, à propos de Paul, le narrateur dit : « Mais Paul avait depuis longtemps oublié qu’il portait sur le visage le décalque de sa mère, persuadé que son visage n’était que lui et personne d’autre » (Kundera, 1990 :48). Cependant, Agnès fait exception à cette règle de l'oubli. Elle a une conscience phénoménologique qui l’empêche de rentrer dans le cycle de la vie quotidienne. Cette prise de conscience entraîne sa révolte. Son questionnement permanent est une tentative à trouver une voie au-delà du paradoxe auquel elle est confrontée. Il considère le visage comme un élément immature qui se tient toujours devant le « moi ». Pour elle, L'unité du visage et du « moi » ne peut être qu'une ironie amère : « Tu me connais par mon visage, tu me connais en tant que visage, et jamais tu ne m’as connue autrement. Aussi l’idée n’a pu te venir que mon visage ne soit pas moi » (Kundera, 1990 :48). Terrifiée par cette unité présumée et pré-acceptée, Agnès essaie de prendre ses distances non seulement avec son visage mais aussi avec son nom. Pour elle, même le nom de l'homme donne une image fausse et superficielle de son moi :
« Notre nom, lui aussi, nous échoit par hasard, poursuivit-elle, sans que nous sachions quand il est apparu dans le monde, ni comment un ancêtre inconnu a bien pu l’attraper. Nous ne comprenons pas du tout ce nom, nous ne connaissions rien de son histoire, et pourtant nous le portons avec une fidélité exaltée, nous nous confondons avec lui, il nous plaît bien, nous sommes ridiculement fiers de lui comme si nous l’avions inventé nous-mêmes sous le coup d’une inspiration géniale. Pour le visage, c’est pareil. Je me rappelle, cela devrait passer vers la fin de mon enfance : à force de m’observer dans la glace, j’ai fini par croire que ce que je voyais c’était moi. Je n’ai qu’un vague souvenir de cette époque, pourtant je sais que découvrir mon moi a dû être enivrant. Mais plus tard, un moment vient où l’on se tient devant la glace et l’on se dit : est-ce que cela c’est vraiment moi ? Et pourquoi ? Pourquoi devrais-je solidariser avec ça ? Que m’importe ce visage ? Et à partir de là tout commence à s’effondrer » (Kundera, 1990 :48,49).
La révolte d'Agnès contre toute unité avec son nom et son image peut être considérée comme la révolte de l'individu contre le regard et la volonté de l'autrui. Devant le regard du celui-ci, l’individu quitte le statut de sujet pour se présenter comme un pur objet. Ce point de vue est dépouillé de tout aspect subjectif et personnel. Agnès ne veut pas s'y soumettre, son attitude de révolte s'accompagne de l’évasion et la solitude. Comme Chantal dans l'Identité et Sabina dans l'Insoutenable, Agnès rêve d'une vie tranquille, loin de la société. Au chapitre 9 du roman, le narrateur analyse le désir de solitude d’Agnès ainsi que sa vision à l'égard des autres. La focalisation interne exprime l'angoisse d'Agnès au retour d'une fête :
« Alors, de nouveau, elle éprouva cette étrange et forte sensation qui l'envahissait de plus en plus souvent : Elle n'a rien de commun avec ces créateurs sur deux jambes, la tête au-dessus du cou, la bouche sur le visage. Autrefois, leur politique, leur science, leurs inventions l'avaient captivée, et elle avait pensé jouer un petit rôle dans leur grande aventure, jusqu'au jour où avait pris naissance en elle cette sensation de n'être plus des leurs » (Kundera, 1990 :55).
La description ci-dessus témoigne avant tout d’une vision matérialiste du monde et des hommes, qui réduit l'être humain à quelques organes corporels, un pur animal, dépouillé de tout aspect intérieur ou transcendent. Ici, on assiste, d’une certaine manière, à une projection de la phobie inconsciente d’Agnès, soit celle de la ressemblance aux autres. Autrement dit, à travers ce mécanisme de défense, le personnage rend sa peur objective, trouvant ensuite la paix en prenant recul de cette objectivité. Agnès ne veut pas admettre qu'elle se dote, comme les autres, d’un corps ayant ses propres défauts et insuffisances. Ce rejet est, d'une part, dangereux car il n'est pas compatible avec la réalité, pouvant sans doute entraîner le vertige du personnage, comme Teresa dans L’insoutenable légèreté de l’être. Mais d'une autre part, il permet au personnage de gagner, bien que de manière passagère et instable, une sorte de transcendance et d'originalité.
Originalité non retrouvée Si l'on accepte que la négation de toute originalité et nouveauté est l'une des caractéristiques de l'art et la pensée postmoderne, les personnages de Kundera sont impliqués dans un effort permanent pour récupérer cette originalité, la prouvant à eux-mêmes et aux autres. Alors que l'apparente ressemblance de l’individu avec les autres émergent de l'obscurité de l'inconscient, remettant en cause sa croyance en sa propre transcendance, le désir d'évasion et le manque de solidarité avec les autres individus s'intensifient. Dans le chapitre intitulé Addition et Soustraction, le narrateur fait une analyse directe de ce désir de solitude. Il s’agit d’une comparaison entre deux groupes de personnes qui choisissent deux manières complètement opposées d’arborer leur « moi » pour se distinguer. Certains, tel que Agnès, Chantal, etc., évitent toute frime ou exhibition :« Agnès soustrait de son moi tout ce qui est extérieur et emprunté, pour se rapprocher ainsi de sa pure essence (en courant le risque d'aboutir à zéro, par ces soustractions successives) » (Kundera, 1990 :123). Certains d’autres, comme Laura ou la mère de Teresa dans l'Insoutenable, utilisent toutes les possibilités subjectives ou objectives pour s'exposer au regard des autres, s’arborant ainsi comme un individu différent et unique. Dans la scène qui se déroule au début du roman, dans la salle de sauna, nous sommes confrontés à des éléments, liés tous au thème de la manifestation de son individualité. L’échange de deux femmes qu'Agnès surprend est associé à différentes couches sémantiques. Premièrement, ces deux femmes veulent exposer leurs idées au regard de l’autrui. Deuxièmement, le langage est utilisé comme un outil pour exprimer le « moi » et sa différence avec les autres. Enfin, dans le monde contemporain, cette scène connote l'idée que la frontière entre vie privée et publique est floue. Toutes ces couches sont tellement entremêlées qu'il est très difficile de les distinguer les unes des autres. Là, dans l’attitude des personnages, on assiste à un paradoxe ou une dualité, soit le désir de ressemblance et en même temps l'expression de la différence (voir plus haut, Morin, 2003). L'arrivée d'une jeune inconnue dans la salle, qui exprime son intérêt pour les douches froides ainsi que son dégout pour les hommes modestes et les douches chaudes, est un autre exemple de ce désir d'exprimer un « moi » unique et distinct. Ici, la femme s'adresse apparemment aux autres mais ne parle en réalité qu'à elle-même. En d'autres termes, bien que le langage soit généralement un outil de dialogue et de transmission du message, il ne sert que le désir, subconscient, du personnage à exprimer sa différence pour attirer l'attention d’autrui. Le comportement de la femme entraîne, chez Agnès, la haine et l'anxiété, car la mise d’accent sur la distinction survient là où la ressemblance des corps, due à la nudité, contredit toute distinction. Quelques heures plus tard, nous voyons Agnès marcher dans la rue, contemplant son milieu. Tout témoigne d’un spectacle absurde et frivole ; Les gens et les voitures qui vont et viennent, les sons qui se font entendre. On dirait une foule uniforme des acteurs sur la scène publique. Le passage d'une fille à moto retient l'attention d'Agnès. Dépourvu de silencieux, le moteur fait un grand vacarme. Agnès conclut :« Ce n’est pas l’engin qui faisait du bruit, c’était le moi de la fille aux cheveux noirs ; cette fille, pour se faire entendre, pour occuper la pensée d’autrui, avait ajouté à son âme un bruyant pot d’échappement» (Kundera, 1990 :34). Face à cette tendance omniprésente de spectacle et d'agitation, Agnès n'a d'autre choix que de se recueillir. Dans le paragraphe suivant, sa confrontation avec la population peut avoir un sens métaphorique, indiquant la défaite absolue et définitive de la volonté individuelle contre la société et l’irrationalité la régissant : « Il y avait de plus en plus de monde et personne ne lui cédait le pas, de sorte qu’elle descendit sur la chaussée, poursuivant son chemin entre le bord du trottoir et le flot des voitures. Elle en avait depuis longtemps fait l’expérience : jamais les gens ne lui cédaient le pas » (Kundera, 1990 :35). Si l’on accepte l'aspect métaphorique du paragraphe ci-dessus, on peut alors considérer tous les éléments de ce chapitre, y compris le bruit des voitures et des motos, la musique et la masse de personnes qui vont et viennent, comme la manifestation du déni de l'individualisme et de la volonté individuelle dans les sociétés d'aujourd'hui. Mais ces éléments se dotent également d’une sorte d’unité, renvoyant au conformisme d’une foule avec un désir maladif de s’exhiber. Enfin, le geste humiliant d'un homme dans la rue complète cette métaphore. Ce geste fait Agnès se reculer au-dedans d’elle, là où le corps refoulé a une réaction de colère : « L’image de l’homme se tapotant le front flottait dans ses entrailles tel un poison qui lentement se décomposait et qu’elle ne pouvait vomir » (Kundera, 1990 :37). L’écœurement d’Agnès est l'explosion de colère inconsciente contre tout ce qui remet en question ses valeurs. Elle ne peut pas suivre cette agitation, elle n'a donc pas d'autre choix que de s'isoler. C'est peut-être pour échapper à un tel écœurement que le personnage de Laura tente d'attirer l'attention des autres en exprimant son « moi ». Son action est en fait une tentative de s'unir à la société. Dans un chapitre intitulé Lunettes Noires, le narrateur nous raconte que Laura utilise un élément artificiel pour exprimer sa différence : des lunettes qu'elle porte toujours. Laura prétend qu'elle porte ces lunettes pour couvrir ses yeux, gonflés à force de trop pleurer. Le narrateur souligne cependant l'aspect contradictoire de son comportement :
« Dès lors, les lunettes noires signifièrent pour elle le deuil. Elle ne les portait pas pour cacher ses pleurs, mais pour faire savoir qu'elle pleurait. Les lunettes devinrent un succédané des larmes, en offrant sur les larmes réels, l'avantage de ne pas abîmer les paupières, de ne pas les faire rougir ni gonfler. Et d'être beaucoup plus seyantes » (Kundera, 1990 :115).
Quelques paragraphes plus tard, un autre élément s'ajoute à cette scène de spectacle permanente. Cette fois, c'est la voix de Laura ainsi que l'expression de son intérêt pour le chant qui deviennent un moyen de continuer à jouer pour se donner une apparence différente. La comparaison que fait le personnage entre chanter et jouer de la musique montre bien que son existence ne fait qu'un avec le rôle qu'il joue et qu'il n'est pas possible de séparer l'un de l'autre : « Quand je joue du piano, je me trouve devant un objet étranger et hostile. La musique ne m'appartient pas, elle appartient au noir instrument qui me fait face. Quand je chante, au contraire, mon corps se transmue en orgue et je deviens la musique » (Kundera, 1990 :116). De cette façon, nous apprenons à mieux connaître les personnages d'Agnès et de Laura par rapport à leurs approches différentes de la vie. La contradiction de deux personnages est une contradiction dans l’essence, pas dans l'existence. Ils sont tous deux, en leur for intérieur, des individus voyant leur identité menacée. Les limites de leur moi sont niées, à chaque instant, par la présence de l’autrui. Laura sent inconsciemment cette menace, tentant coûte que coûte de la nier et la dissimuler. Agnès, quant à elle, en est plus consciente ; elle y fait face constamment, mais sa révolte ne lui apporte que l'angoisse et la solitude.
La conclusion Le roman L’Immortalité peut être considéré comme un ouvrage postmoderne, mais en même temps, contrairement à ce que l'on pourrait s'attendre à un tel ouvrage, l'auteur ne dénigre pas l'individualisme, en tant qu'une valeur moderne. Au contraire, dans ce roman, ainsi que dans le reste de son œuvre, l'auteur crie la mort d'une valeur perdue. La résistance et la révolte d'Agnès et Laura contre la société uniforme renvoie à leur pleine conscience d'une constante répression de leur individualité. La société a tendance à uniformiser les sujets, et pour cela elle possède ses raisons, toutes décisive et objectives. La similitude des individus, qu'il s'agisse d'une similitude physique ou comportementale en est une. Ici, il s'agit d'un paradoxe entre l'intérieur et l'extérieur, entre le subjectif et l'objectif intérieur, entre le « moi » de l'individu et un corps qui n'est pas en mesure de mettre suffisamment en évidence l'essence de son "moi" ; une contradiction entre un individu qui veut être avec l'autrui, tout en préservant son individualité, et la société le considérant comme n'étant qu'une copie des autres. La conséquence, c'est l'effacement des frontières ; les frontières entre "moi" et les autres ; Une vérité effrayante et exaspérante. La révolte des personnages de Kundera est enracinée dans une conscience intuitive et implicite de cette vérité. Bien sûr que chaque être humain est unique, mais cette unicité ne se manifeste pas dans le monde extérieur. Tous les éléments que l'homme utilise pour exprimer son unicité (y compris l'apparence physique, les vêtements, les idées etc.) le rendent, d'une manière ironique, plus semblable aux autres. Sur une plus grande échelle, le roman L’Immortalité (n'est-ce pas le cas de tout roman ?) peut être considéré comme une métaphore ou plutôt une métonymie du monde et de la société humaine. Tout comme les autres romans de Kundera, ce roman peut être considéré comme un deuil sur la mort de l'individualisme des temps modernes. Dans la société contemporaine, l'idéal de l'individualisme a progressivement pris une couleur utopique. Peu de gens qui font un effort désespéré de préserver leur individualité échouent devant une société homogène, ne leur laissant d'autre solution que l'évitement et la solitude.
[1]. Selon Edgar Morin : « Autrui c'est à la fois le semblable et le dissemblable, semblable par ses traits humains ou culturels communs, dissemblable par ses singularités individuelles ou ses différences ethniques. Autrui porte en effet en lui l'étrangéité et la similitude. La relation avec autrui est inscrite virtuellement dans la relation avec soi-même : le thème archaïque du double, si profondément enraciné dans notre psyché, nous montre que chacun de nous porte en lui un ego alter (moi-même autre), à la fois étranger et identique à soi. (Surpris devant un miroir, nous nous sentons étranger à nous-mêmes tout en nous reconnaissant).» (Morin,2001 :48). | ||
مراجع | ||
Boutinet, J. (2006). L'individu-sujet dans la société postmoderne. Quel rapport à L’évènement ? De Boeck Supérieur « Pensée plurielle » 2006/3 no 13 | pages 37 à 47.
Kundera, M. (1986). L'Art du roman. Paris : Gallimard.
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